La Federal Trade Commission (FTC) a finalisé sa règle révolutionnaire concernant les frais indésirables (« Junk Fees Rule »), visant les pratiques tarifaires trompeuses dans tous les secteurs, y compris les locations de courte durée. Annoncée le 17 décembre 2024, la règle exige que les entreprises affichent le prix total — incluant tous les frais obligatoires — à chaque fois que les prix sont annoncés. Ce changement pourrait avoir un impact significatif sur les gestionnaires de locations de courte durée et leurs stratégies tarifaires. Examinons quels frais devront être modifiés, ce que cela signifie pour le secteur et si cette règle est conçue pour durer.
Une longue attente
Cette règle répond à des années de plaintes de consommateurs concernant les frais cachés. L’indignation publique face aux coûts surprises — comme les frais de séjour ou de ménage — a poussé la FTC à proposer ce règlement en 2023. Des milliers de commentaires de consommateurs frustrés durant la période d’examen ont souligné la demande de transparence en matière de tarification.
Bien que la règle ait reçu un soutien bipartisan, elle pourrait être remise en cause par les entreprises et par d’éventuels changements à la tête de la FTC lors de la prochaine administration. Pour les gestionnaires de locations de courte durée, cependant, la conformité n’est pas optionnelle — c’est essentiel.
Quels frais sont concernés ?
La règle sur les frais indésirables élimine les frais obligatoires cachés, garantissant que les consommateurs voient le coût total d’une transaction dès le départ. Voici les principales catégories de frais affectées par cette règle :
- Frais de ménage
Les frais de ménage sont souvent ajoutés lors du paiement, surprenant ainsi les voyageurs avec un montant total plus élevé que prévu. Selon la nouvelle règle, les frais de ménage doivent être inclus dans le prix total affiché sur les plateformes de réservation et les sites de réservation directe. - Frais de séjour et de service
Les frais de séjour ou les frais de service obligatoires doivent également être intégrés au prix total affiché. Les présenter séparément en tant que « suppléments » lors du paiement ne sera plus autorisé. - Options facultatives
Les frais pour des services optionnels, tels que les frais animaux ou les frais d’arrivée anticipée, ne sont pas interdits mais doivent être clairement révélés avant que le consommateur ne finalise son achat. Ces frais ne peuvent pas être dissimulés ou étiquetés de façon trompeuse.
Que contient la règle ?
1. La priorité à la transparence tarifaire
Le prix affiché le plus visible doit être le prix total, incluant tous les frais obligatoires comme les frais de séjour, de ménage ou de service. Cela supprime la « tarification progressive » (« drip pricing »), où des coûts supplémentaires n’apparaissent qu’au moment du paiement.
2. Les frais ne disparaissent pas, mais ils deviennent visibles
Les entreprises peuvent toujours appliquer des frais, mais le prix total — incluant ces frais — doit être affiché plus en évidence que toute autre information tarifaire. Cela garantit la transparence sans plafonner les montants que les vendeurs peuvent facturer.
3. Les frais optionnels doivent être clairement mentionnés
Les frais pour les options facultatives ou les taxes qui ne sont pas inclus dans le prix total doivent être révélés de manière transparente avant qu’un consommateur ne saisisse ses informations de paiement.
4. Contexte international : l’exemple européen
L’Europe est déjà en avance pour imposer des tarifs transparents sur toutes les agences de voyage en ligne (OTA). Des plateformes comme Airbnb, Expedia et Booking.com affichent les prix « tout compris » pour se conformer aux lois de protection des consommateurs. Aux États-Unis, en revanche, seule Airbnb a volontairement adopté ce type de pratiques.
La nouvelle règle de la FTC force les autres plateformes à faire de même, réduisant l’écart de transparence entre les États-Unis et l’Europe.
Qu’est-ce que cela implique pour les gestionnaires de locations de courte durée ?
La nouvelle règle impose des changements majeurs dans la façon dont les gestionnaires affichent leurs tarifs. Voici ce qu’il faut retenir :
1. Frais de ménage et au-delà : ce que vous devez changer
Tous les frais obligatoires, y compris les frais de ménage ou de service, doivent être intégrés au prix total visible pour le consommateur. Assurez-vous que vos annonces sont conformes en auditant l’affichage de vos tarifs sur votre site de réservation directe et les plateformes tierces.
2. Frais optionnels : soyez transparents ou soyez sanctionnés
Si vous proposez des options payantes, comme des équipements premium ou des services supplémentaires, détaillez ces coûts et révélez-les avant que le client ne procède au paiement. La transparence est essentielle pour conserver la confiance et éviter des sanctions.
3. Misez sur la transparence comme avantage concurrentiel
Alors que certains gestionnaires regretteront de ne plus pouvoir attirer les voyageurs avec des tarifs affichés bas, la transparence tarifaire peut renforcer la confiance et simplifier le processus de réservation. Saisissez ce changement comme une opportunité de mettre en avant la valeur de vos tarifs, comme des équipements de qualité ou un service exceptionnel.
4. Surveillez les changements sur les OTA
Les plateformes tierces telles que Vrbo et Expedia devront se conformer à la nouvelle règle, en modifiant leur présentation des tarifs. Tenez-vous informé de ces évolutions et assurez-vous que vos annonces respectent leurs nouvelles pratiques.
La règle sur les frais indésirables va-t-elle durer ?
La règle doit entrer en vigueur 120 jours après sa publication au Registre fédéral. Toutefois, la durée de sa survie n’est pas garantie. Le commissaire républicain Andrew Ferguson s’est opposé à son adoption, la qualifiant d’excès réglementaire. Avec l’arrivée au pouvoir de l’administration du Président élu Donald Trump, les priorités de la FTC pourraient changer, ce qui risquerait d’en freiner l’application ou d’en réduire la portée.
Des recours juridiques de la part d’entreprises pourraient également menacer la règle. Si les tribunaux bloquent sa mise en œuvre ou l’annulent complètement, les progrès vers la transparence pourraient être de courte durée.
Pourquoi c’est important
Ce règlement vise à faire économiser aux consommateurs 53 millions d’heures par an en éliminant le casse-tête du calcul du coût total — un gain économique estimé à 11 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Pour les gestionnaires de locations de courte durée, la règle sur les frais indésirables marque une évolution vers plus d’équité et de responsabilité sur le marché.
Mais face à un paysage politique mouvant et à des contentieux possibles, la question centrale demeure : Cette interdiction des frais indésirables va-t-elle durer ? Pour l’instant, la meilleure stratégie est de s’adapter rapidement, de se conformer à la nouvelle règle et de suivre attentivement son évolution.
Uvika Wahi est rédactrice chez RSU by PriceLabs, où elle dirige la couverture de l’actualité et l’analyse destinées aux gestionnaires professionnels de locations saisonnières. Elle écrit sur Airbnb, Booking.com, Vrbo, la réglementation et les tendances du secteur, aidant les gestionnaires à prendre des décisions éclairées. Uvika intervient également lors d’événements internationaux majeurs tels que SCALE, VITUR et le Direct Booking Success Summit.




