Lake.com mise gros sur la découverte par l’IA : ce que les gestionnaires de biens peuvent en tirer

Que faut-il pour construire non seulement une nouvelle entreprise, mais aussi une toute nouvelle sous-catégorie de locations courte durée ? Pour le savoir, nous avons rencontré David Ciccarelli, cofondateur et PDG de Lake.com, une nouvelle plateforme de réservation en ligne entièrement dédiée aux locations de vacances en bord de lac et proches de lacs.

Ce qui en ressort n’est pas seulement l’histoire d’un OTA de niche, mais un aperçu de la prochaine ère de la distribution, façonnée par la recherche pilotée par l’IA, le contenu structuré et la planification de voyages conversationnelle.

Cet article détaille cette stratégie du point de vue de ce qui compte vraiment pour les gestionnaires professionnels de locations courte durée.


Pourquoi Lake.com existe : une catégorie née de l’expérience personnelle

Pour David et sa cofondatrice Stéphanie, Lake.com est né d’un problème très concret.

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Après avoir vendu leur précédente entreprise tech, ils ont acheté une maison au bord d’un lac au nord de Toronto. Lors de réunions de famille, ils ont rencontré un problème bien connu des voyageurs : les grands OTAs ne remontaient tout simplement pas le type de biens spécifiques aux lacs qu’ils recherchaient. Même les hôtels à proximité affichaient des prix entre 700 et 800 $ la nuit en haute saison, une option peu pratique pour les groupes.

Ce décalage a suscité une question :

« Et si on mettait à profit nos années d’expérience dans les places de marché en ligne pour les appliquer aux locations de vacances ? »
— David Ciccarelli

En discutant avec des artisans locaux, ils ont découvert un schéma : des milliers de maisons de bord de lac restaient vides la majeure partie de l’année, entretenues en permanence mais rarement utilisées. Certaines familles vendaient même des résidences transmises au fil des générations, faute de pouvoir assumer leur entretien ou la fiscalité.

C’était à la fois un problème d’invités et un problème de propriétaires, point de départ de Lake.com.


Pourquoi Lake.com a immédiatement séduit les gestionnaires professionnels

La plupart des gestionnaires évitent les nouveaux canaux de distribution car le coût opérationnel est trop élevé : mises à jour manuelles, synchronisations peu fiables, intégrations faibles, visibilité incertaine. Lake.com a résolu cela, et ce, par hasard, très tôt.

Après l’ouverture des inscriptions, l’équipe a constaté que presque tout l’intérêt venait des gestionnaires professionnels, et non des simples propriétaires. Cette seule observation a changé la trajectoire des 18 premiers mois de la société.

Plutôt que de chercher à séduire des particuliers, Lake.com s’est entièrement concentré sur la connectivité PMS, en créant des partenariats commerciaux et des intégrations API complètes avec des systèmes comme Hostaway, Hostfully, OwnerRez et Lodgify, et d’autres à venir. Résultat : une plateforme où les tarifs, calendriers et détails des biens gérés par des pros se synchronisent instantanément et de façon fiable, sans gestion manuelle des canaux.

Pour les gestionnaires, cela transforme Lake.com de « une plateforme de plus à surveiller » en un canal simple à tester.


Une plateforme de niche avec une demande adaptée aux inventaires des gestionnaires

Lake.com ne cherche pas à concurrencer Airbnb ou Booking.com sur la quantité. Au contraire, la plateforme liste uniquement les biens situés à environ 15 minutes d’un lac, une limite choisie d’après l’expérience personnelle des fondateurs au bord des Grands Lacs.

Ce positionnement vertical affirmé fait plus que clarifier l’identité de marque. Il détermine naturellement quel type de voyageurs la plateforme attire. Les invités à la recherche d’un séjour au bord de l’eau ont tendance à réserver de plus grandes maisons, voyagent avec la famille élargie ou en groupe, restent plus longtemps et génèrent un revenu journalier moyen plus élevé.

Cela correspond précisément au type de biens (3 à 6 chambres) principalement gérés par les professionnels. Là où les plateformes généralistes drainent des profils variés, la niche de Lake.com génère une demande parfaitement adaptée à des inventaires de valeur moyenne ou élevée.


Là où Lake.com mise gros : la visibilité IA, pas le SEO traditionnel

C’est ici que les gestionnaires doivent vraiment prêter attention.

Le SEO traditionnel n’est plus le principal terrain de lutte pour la visibilité. Avec les AI Overviews de Google, Perplexity, ChatGPT et d’autres systèmes d’IA qui répondent directement — souvent sans afficher de résultats de recherche classiques — la visibilité dépend de plus en plus du fait que votre contenu soit lisible par une machine, pas seulement enrichi en mots clés.

Lake.com a discrètement construit l’une des plateformes de location de vacances les plus adaptées à l’IA structurellement parlant.

Des données structurées à grande échelle

Sur plus de 7 000 pages destinations, Lake.com utilise des balises schema : du code invisible et structuré qui précise aux outils d’IA le contenu d’une page. Plutôt que d’analyser de longs paragraphes, les IA reçoivent des données lisibles et catégorisées comme les coordonnées, les caractéristiques du lac, les équipements et attractions à proximité. Ce type de structure est essentiel, car les modèles de langage s’appuient sur des informations bien organisées pour générer des réponses fiables.

Des FAQ en langage naturel conçues pour l’IA

Lake.com rédige aussi des FAQ en langage naturel basées sur de vraies questions de voyageurs, une stratégie souvent appelée AEO (Answer Engine Optimization). Exemples :

  • « Ce lac est-il adapté à la baignade ? »
  • « Quels types de poissons s’y trouvent ? »
  • « Puis-je amarrer mon bateau au quai ? »

Ces questions reflètent précisément la façon dont les voyageurs s’adressent désormais aux IA.

Enrichissement des données assisté par IA

Plutôt que de collecter manuellement la géodata de milliers de lacs et destinations, l’équipe a utilisé GPT via l’API pour générer des emplacements et métadonnées exacts, un travail qui aurait pris des mois à la main.

Pourquoi cela compte pour les gestionnaires

Votre future visibilité, sur les OTA ou votre site de réservation directe, dépendra d’un contenu structuré, complet et lisible par une machine. Des descriptions minimalistes ne suffiront plus. Les IA n’infèrent pas les détails manquants : elles vous ignorent tout simplement.

L’approche de Lake.com donne un avant-goût de ce que tous les gestionnaires devront tôt ou tard appliquer.


Le plus grand changement de comportement des invités : des filtres aux phrases

Pendant plus de dix ans, les voyageurs ont cherché selon une logique bien rodée :

Où → Quand → Qui → Filtres

Ce paradigme est en train de disparaître.

Aujourd’hui, les invités décrivent souvent l’ensemble de leurs besoins en une seule demande, en langage naturel — parfois sur 40 à 50 mots. Ce comportement porte de plus en plus le nom de « la what box » : les voyageurs ne remplissent plus de champs, ils expliquent simplement ce qu’ils veulent.

Des outils comme ChatGPT, Google AI Overviews, Perplexity, l’AI Trip Planner de Booking.com ou l’application ChatGPT d’Expedia gèrent déjà ce nouveau mode de recherche. Airbnb a également annoncé des recherches conversationnelles à venir.

Lake.com s’adapte en avance

La société développe un assistant de recherche conversationnel permettant aux invités de décrire leur séjour de manière naturelle, et qui leur propose directement des biens en bord de lac dans une interface de chat. Cela supprime la friction des filtres et s’aligne sur la manière dont les clients utilisent désormais les IA.

Pourquoi les gestionnaires doivent s’y intéresser

Parce que ce comportement va s’imposer sur toutes les plateformes.
Les sites de réservation directe, les OTA comme les outils IA vont tous s’appuyer sur l’interprétation du langage naturel. Vos annonces et données d’équipements devront donc aller au-delà du simple « bourrage de mots-clés » pour privilégier un contenu clair, précis et centré sur l’intention du voyageur.


Se préparer au prochain grand canal de distribution : les “app stores” IA

OpenAI a effectivement commencé à bâtir un “app store” pour l’IA. Dans ChatGPT, Booking.com et Expedia disposent déjà d’applis permettant aux utilisateurs de chercher un séjour, raffiner les résultats, et parfois débuter le processus de réservation.

Cela annonce un futur où la découverte et la réservation de voyages s’effectueront de plus en plus à l’intérieur de plateformes IA, et non plus seulement sur les sites internet.

Lake.com veut faire partie de la première vague

L’équipe de David développe déjà un assistant de réservation prototype, spécifiquement pensé pour ces environnements. Dès qu’OpenAI ou Google autorisera les sociétés de voyages tierces à publier des applis de réservation complètes, Lake.com compte bien s’intégrer à ces écosystèmes conversationnels.

L’analogie avec l’iPhone

  • Au lancement, Apple contrôlait toutes les applis.
  • Quand l’App Store a ouvert, les développeurs tiers ont afflué.
  • Ce changement a débloqué de nouveaux revenus et fondamentalement changé le comportement des consommateurs.

Il estime que les plateformes d’IA — ChatGPT, Google AI, Apple Intelligence — arrivent au même point d’inflexion. Les pionniers rafleront une visibilité disproportionnée.

Pourquoi les gestionnaires doivent s’y intéresser

Comme les premiers utilisateurs d’Airbnb ont profité d’un changement générationnel de comportements, les premiers adeptes de la distribution pilotée par l’IA bénéficieront d’un avantage dans les années à venir. Cela créera de nouveaux canaux de visibilité au-delà des OTA, et les gestionnaires proactifs seront en meilleure position pour en tirer parti.


Là où l’IA n’a pas marché : un apprentissage salutaire

Tout n’a évidemment pas fonctionné parfaitement.

Lorsque Lake.com a généré des réponses de FAQ en masse par IA, des problèmes prévisibles sont apparus : informations de lacs inexactes, textes factices du type « error » ou « data not found », ou même des détails inventés.

La solution a été simple mais essentielle : une relecture humaine avant publication. L’IA accélère la production, mais ne remplace pas le contrôle qualité.

C’est un rappel important pour les gestionnaires. Le secteur est inondé d’outils de génération de contenu automatique. Certains sont utiles, beaucoup ne le sont pas. La précision reste essentielle : vos annonces doivent en témoigner.


Ce que Lake.com annonce vraiment pour les pros

Lake.com n’est pas simplement un OTA de niche supplémentaire. Leur stratégie reflète la profonde transformation de la distribution STR, où :

  • la découverte par IA remplace la recherche par mot-clé
  • l’intention du voyageur devient la nouvelle barre de recherche
  • le contenu structuré et lisible par la machine détermine la visibilité
  • les écosystèmes IA deviennent des canaux de réservation
  • les plateformes verticales spécialisées surpassent les généralistes

Pour les gestionnaires avec de larges portefeuilles, le message est limpide :

Les plateformes conçues pour l’ère de l’IA surpasseront celles de l’ère SEO et des filtres.

L’histoire de Lake.com n’est pas qu’une affaire de maisons en bord de lac. C’est l’histoire de l’infrastructure de la découverte et de la distribution STR qui se reconstruit, et de ce à quoi les gestionnaires doivent se préparer.