Le 21 juin 2024, le maire actuel de Barcelone, Jaume Collboni, a annoncé un changement de politique majeur visant à répondre à la crise du logement de la ville. D’ici novembre 2028, toutes les licences pour les 10 101 appartements touristiques de la ville seront révoquées, transformant ainsi ces propriétés en logements résidentiels de longue durée.
Cette décision s’inscrit dans un effort plus large visant à augmenter la disponibilité des logements pour les résidents et à lutter contre l’augmentation du coût de la vie à Barcelone. Le maire a souligné que les prix de l’immobilier dans la ville ont augmenté de 68 %, tandis que les salaires n’ont progressé que de 38 % sur la même période. En convertissant les appartements touristiques en logements résidentiels, la municipalité souhaite offrir davantage de logements aux habitants et stabiliser le marché immobilier.
Contexte : Réglementations strictes de Barcelone et campagne d’Ada Colau
Barcelone est connue depuis longtemps pour ses réglementations strictes concernant les locations de courte durée. Cette approche a notamment été renforcée pendant le mandat de l’ancienne maire Ada Colau.
En mai 2023, avant les élections municipales, Colau avait proposé une mesure similaire dans le cadre de sa campagne de réélection. Elle avait mis en avant les effets négatifs du tourisme et avait inclus dans son programme la révocation des licences pour les appartements touristiques et les boutiques de souvenirs, dans le cadre de sa stratégie globale contre le surtourisme et ses effets néfastes sur la ville.
Sa campagne visait également à réduire le nombre de passagers de navires de croisière et à s’opposer à l’extension de l’aéroport El Prat afin d’éviter une nouvelle augmentation du nombre de touristes.
Réaction d’APARTUR
L’Associació d’Apartaments Turístics de Barcelona (APARTUR) s’oppose fermement au projet du maire Jaume Collboni visant à éliminer tous les appartements touristiques à Barcelone d’ici novembre 2028. La position d’APARTUR comprend plusieurs points clés :
- Inefficacité de la mesure : APARTUR affirme que les appartements touristiques ne représentent que 0,77 % de l’ensemble du parc immobilier de la ville. Par conséquent, leur suppression n’aura pas d’impact significatif sur la crise du logement ni ne résoudra la problématique de disponibilité à Barcelone.
- Impact économique : L’association prévient que la mesure engendrera une augmentation de la pauvreté et du chômage dans la ville. Elle estime que la suppression des appartements touristiques affectera négativement les commerces locaux, tels que les cafés et les petites entreprises, qui bénéficient du tourisme.
- Prolifération des locations illégales : APARTUR met en garde contre le fait que mettre fin aux locations touristiques légales entraînera une augmentation des hébergements touristiques illégaux, aggravant ainsi le problème au lieu de le résoudre.
- Échec des politiques actuelles du logement : L’association considère ce plan comme un aveu de l’échec des récentes politiques en matière de logement. Elle estime qu’une meilleure régulation, plutôt qu’une interdiction totale, constituerait une approche plus efficace pour gérer ce secteur.
- Promotion du tourisme durable : APARTUR soutient que les appartements touristiques favorisent un modèle de tourisme durable en intégrant les visiteurs dans les quartiers locaux et en diffusant les bénéfices économiques du tourisme auprès d’un plus grand nombre de petits propriétaires et d’entreprises locales.
Réaction de l’European Holiday Home Association (EHHA)
L’European Holiday Home Association (EHHA) a également exprimé ses inquiétudes quant à l’interdiction proposée. L’association estime que cette mesure est injustifiée et mal informée, en rappelant que le nombre de locations de courte durée est limité à 10 000 depuis 2014, et que malgré cela, les prix de l’immobilier ont continué à augmenter.
L’EHHA souligne que moins de 1 % des logements à Barcelone sont des locations de courte durée et que l’interdiction n’aura pas d’impact significatif sur la crise du logement.
En outre, la Commission européenne a exprimé des préoccupations quant au fait que le décret catalan pourrait enfreindre la directive européenne sur les services, arguant que les restrictions ne sont ni proportionnées ni adaptées pour résoudre la pénurie de logements.
L’EHHA invite le conseil municipal à dialoguer avec le secteur de la location de courte durée afin de trouver une solution équilibrée.
Thibault Masson est un expert reconnu en gestion des revenus et en stratégies de tarification dynamique dans le secteur de la location saisonnière. En tant que responsable du marketing produit chez PriceLabs et fondateur de Rental Scale-Up, Thibault aide les hôtes et les gestionnaires immobiliers grâce à des analyses concrètes et des solutions basées sur les données. Fort de plus de dix ans d’expérience dans la gestion de villas de luxe à Bali et à Saint-Barthélemy, il est un conférencier recherché et un créateur de contenu prolifique, capable de rendre simples des sujets complexes pour un public international.




