Cet article fait partie de notre série de conférences Rental Scale-Up sur la gestion de locations de vacances. Il s’agit d’un extrait de notre conférence de mai 2020 : « Comment les gestionnaires de villas et de locations de vacances naviguent dans la crise du COVID-19 en Asie du Sud-Est et en Océanie ».
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Victor Bosselaar d’AllTheRooms
Victor est responsable des ventes de données et des partenariats chez AllTheRooms – le seul agrégateur d’hébergements complet au monde, combinant hôtels, locations de vacances, offres secrètes et tous les autres types d’hébergements. Victor a recueilli des perspectives uniques en matière de gestion des propriétés locatives, notamment à la lumière de la pandémie mondiale de COVID-19.
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Vidéo de la conférence 2020 Asie du Sud-Est & Océanie
- Victor a travaillé dans le secteur du marketing/média de l’industrie du voyage avant de rejoindre AllTheRooms.
- Le nouveau « forward booking index » de la société aide les clients à comprendre quand la reprise aura lieu et à quoi elle ressemblera.
- Victor partage des données sur les réservations à venir pour l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les marchés d’Asie du Sud-Est.
- En Australie, les réservations pour les 180 prochains jours sont inférieures à celles de l’an dernier, mais si l’on compare les 30, 14 et 7 derniers jours, le volume de réservations augmente régulièrement, ce qui montre des signes de reprise.
- À Sydney et Melbourne en particulier, le volume de nouvelles réservations sur les 30, 14 et 7 derniers jours est inférieur à celui de l’Australie en général, ce qui montre un rythme de reprise plus lent semaine après semaine. Cette tendance s’explique par le fait que les gens ne souhaitent pas voyager vers des zones urbaines pour le moment.
- Le marché de Surfers Paradise montre un volume régulier de nouvelles réservations semaine après semaine, et certaines dates dans les 180 prochains jours dépassent les performances de l’année précédente.
- En Nouvelle-Zélande, les réservations prévues dans les prochains jours sont équivalentes à celles de l’an dernier, et les prochains mois affichent un bon rythme.
- La tendance pour Auckland est similaire à celle de Sydney et Melbourne, avec moins de nouvelles réservations ces dernières semaines.
- Globalement, l’Australie et la Nouvelle-Zélande enregistrent du tourisme domestique, on observe donc une tendance à la reprise, bien que le nombre de réservations reste inférieur à l’an dernier.
- En revanche, la courbe de réservation pour l’Indonésie à l’avenir semble sombre ; très peu de nouvelles réservations ont été effectuées ces dernières semaines. Cette tendance s’explique également car la majorité des voyageurs en Indonésie sont internationaux plutôt que domestiques.
- La courbe des réservations pour Bali est similaire à celle de l’Indonésie, avec seulement quelques réservations de dernière minute et quasiment aucune nouvelle réservation pour des dates éloignées.
- Singapour affiche des réservations un peu meilleures que l’Indonésie et Bali, la majorité étant pour des séjours dans les prochaines semaines.
- En Thaïlande, les réservations à venir sont également concentrées sur les deux prochaines semaines, même si Bangkok connaît peu de reprises contrairement à d’autres grandes villes. Koh Samui a enregistré un rebond significatif pour les réservations de la semaine prochaine, avec au moins une date atteignant le niveau d’occupation de l’année dernière.
- En analysant les marchés émetteurs, on observe un basculement vers le tourisme domestique en Australie et en Nouvelle-Zélande entre l’avant COVID et maintenant.
- Le graphique néo-zélandais montre une part plus faible de voyageurs domestiques qu’avant COVID, sans explication évidente selon Victor.
- La part des voyageurs domestiques diminue en Indonésie, tandis que l’Australie, la Russie et l’Allemagne progressent, probablement des personnes bloquées à l’étranger ou ayant choisi de ne pas rentrer chez elles.
- La part des réservations depuis la Russie et l’Allemagne à Bali et Ubud a fortement augmenté. Retourner en Russie étant très difficile, de nombreux Russes présents à Bali au début de la pandémie n’ont pas pu ou pas voulu rentrer chez eux.
- La Thaïlande observe une augmentation de la part des clients européens (Allemagne, France), russes et canadiens. Bangkok voit augmenter la part des réservations venant de Chine.
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Conversation complète entre Victor Bosselaar et Thibault Masson
Thibault :
Chers membres du club Rental Scale-Up. Merci de nous rejoindre. Je suis maintenant avec Victor Bosselaar, responsable ventes data et partenariats pour AllTheRooms. Nous allons parler de données. Ce qui est important ici, c’est qu’en général, nous avons énormément de données sur le marché américain, un peu sur l’Europe, mais très peu sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou l’Asie du Sud-Est. AllTheRooms a été exceptionnel pour nous, ils ont extrait des données rien que pour nous ; vous allez donc pouvoir voir ce que AllTheRooms est capable de fournir sur votre marché. Mais ici, nous avons une vue exclusive sur les tendances, comment la crise s’est déroulée, et à quoi s’attendre en termes de demande. Et Victor va nous guider là-dessus. Donc Victor, bienvenue et merci d’être parmi nous. Comment ça va ?
Victor :
Je vais très bien, merci de m’accueillir. Nous apprécions de pouvoir parler à votre audience.
Thibault :
Parfait, c’est un plaisir. Je vois derrière vous un tableau couvert de mots et de schémas mystérieux. Il n’y a pas de secret, votre entreprise est vraiment centrée sur la donnée. Pouvez-vous peut-être vous présenter un peu, ainsi que présenter AllTheRooms ?
Victor :
Je peux parler de mon parcours, ou aussi de ce tableau ; pour être honnête, il a été fait par l’équipe data et je n’y comprends rien. Ils doivent me l’expliquer à chaque fois ! Comme vous l’avez mentionné, je suis coté ventes et un peu marketing. J’ai toujours travaillé dans le secteur du voyage et du tourisme, côté média. J’ai une formation marketing. J’ai travaillé pour une entreprise de média à l’international, puis j’ai eu d’autres postes à New York. J’ai ensuite pris un aller simple pour Medellín, en Colombie, pour changer d’air. Et j’ai découvert cette super entreprise travel tech, AllTheRooms.
Victor :
Oui, donc AllTheRooms, un moteur de méta-recherche pour les voyages et les hébergements. J’ai commencé côté marketing et monté une petite équipe. Nous nous sommes rendu compte que nous avions accès à un jeu de données extrêmement riche qui alimentait notre plateforme de méta-recherche. Nous avions une base de données ultra-robuste sur la location courte durée, puisée chez Airbnb, VRBO, HomeAway, booking.com, TripAdvisor, vacation rentals… Nous pouvions générer des rapports pour les offices de tourisme, les chaînes hôtelières, les sociétés de gestion immobilière, les propriétaires et hôtes individuels. Plutôt basé sur la performance passée : on compare et on benchmark la propriété vis-à-vis du marché. On se concentre surtout sur Airbnb et VRBO actuellement.
Victor :
Beaucoup de nos partenaires, du côté entreprises notamment, mais globalement, sont désormais très intéressés par l’observation de la demande et des réservations futures. Nous avons donc développé récemment un nouvel outil nommé Forward Booking Index pour répondre à ce besoin : comprendre à quoi va ressembler la demande future, suivre le changement de sentiment chez les voyageurs et identifier ou prédire la reprise : quand et à quel rythme aura-t-elle lieu ? C’est ce que nous avons développé pour nos partenaires et clients – c’est certaines de ces données que nous allons analyser aujourd’hui pour comprendre ce qu’il se passe en Nouvelle-Zélande, Australie et dans certaines régions d’Asie du Sud-Est. Quels sont les signaux de reprise ? Pourquoi ? Quand peut-on l’espérer ?
Thibault :
Vous avez donc des données sur les grands portails du marché ? Tout ce qu’il faut sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Asie par exemple ?
Victor :
Oui, nous avons ces flux pour alimenter la méta-recherche : toute une palette de fournisseurs. Même Hostelworld, Expedia, Booking.com pour les hôtels. Nous avons inventaire et données sur l’offre. Mais côté indicateurs de performance, nous sommes surtout centrés sur le marché de la location courte durée, et donc principalement sur Airbnb, VRBO, HomeAway. Ce sont eux qu’on va regarder aujourd’hui pour l’analyse : taux d’occupation, disponibilité, demande.
Thibault :
Super, c’est passionnant ! On peut donc rentrer dans le vif du sujet avec vos graphiques et data ?
Victor :
Bien sûr. Je partage mon écran.
Victor :
Alors, les zones que nous allons examiner sont : Australie, Nouvelle-Zélande, certains pays/régions d’Asie du Sud-Est, puis des villes spécifiques et des grands thèmes qui vont émerger. Nous allons regarder deux axes principaux liés à ces thèmes : 1) Les réservations futures – pour voir quelle reprise s’opère et à quelle vitesse selon les régions ; 2) Les données d’origine – là où viennent les voyageurs, pré et post-COVID. Y a-t-il des changements dans la provenance des voyageurs ?
Victor :
C’est très important, car cela influence beaucoup le type de reprise que l’on observe. Un des grands thèmes abordés. Voyons l’Australie : la courbe rouge, c’est le volume de réservations de l’an dernier (2019), notre année de référence, “profil de demande sain”. On veut naturellement progresser chaque année, mais 2019 sert ici de benchmark à atteindre face à la crise. Comme on peut le voir, 2019 est largement au-dessus, ce qui était attendu ; ce que l’on surveille, c’est la réduction de cet écart, signe d’une reprise.
Victor :
Ce graphique a été tiré des données du weekend dernier (22 mai). On observe l’évolution sur 180 jours à venir. Les autres courbes montrent la même extraction de données à des dates précédentes (semaines/mois). Cela montre l’augmentation progressive du taux d’occupation et le rapprochement vers le benchmark 2019. Ici, la tendance est positive. En 16 jours, on observe une hausse de 3 à 4% du taux d’occupation, soit davantage de voyageurs confiants pour réserver une location courte durée partout en Australie. Ce n’est pas la panacée, mais ça reste porteur d’espoir.
Victor :
Sur les 7 derniers jours, c’est vrai que les niveaux sont proches de la normale, notamment pour les jours à venir. Il y a à peine un décalage de deux jours, il manque juste les pics habituels du week-end. La courbe violette, extraite samedi, est la plus récente ; la bleue date d’il y a 7 jours. La différence entre les deux montre les nouvelles réservations.
Victor :
Regardons Melbourne (valable aussi pour Sydney) : on voit un écart plus large par rapport à l’Australie entière. Non seulement la reprise est moindre par rapport à 2019, mais la progression d’une extraite à l’autre est faible, traduisant une confiance plus limitée des voyageurs vis-à-vis des destinations urbaines en Australie. Ce n’est pas seulement un problème de confiance, c’est aussi un manque d’envie : actuellement, les villes sont perçues négativement pour y voyager.
Victor :
En fait, les gens vont dans l’autre sens, ils veulent sortir des villes. C’est un des grands thèmes qu’on observe aussi bien en Australie, qu’en Amérique du Nord ou en Europe occidentale : les zones suburbaines ou rurales surperforment en reprise face aux zones urbaines. Ce n’est pas tellement une surprise, car les villes sont souvent les foyers du virus, ce qui incite à les fuir. Par exemple, les régions proches de New York ont vu leur taux d’occupation parfois grimper jusqu’à 65% contre 25% habituellement en période de crise, car les citadins voulaient “changer d’air”. On s’attend à ce que cette tendance se poursuive et que la reprise soit plus lente en ville partout dans le monde.
Victor :
Pour Surfers Paradise, c’est une autre histoire : la reprise y est meilleure que pour Melbourne ou Sydney, surtout à court terme. Il y a encore du retard à long terme, mais sur le court terme, c’est encourageant même si on n’est pas encore au niveau de 2019. On observe d’ailleurs beaucoup d’autres marchés où la reprise porte d’abord sur le court terme plutôt que sur le long terme.
Victor :
La data n’explique pas tout, mais on pense que les voyageurs, restés enfermés chez eux plusieurs mois, veulent s’évader pour de “mini-vacances” très rapides. On observe aussi un changement dans la provenance des voyageurs : croissance du tourisme domestique ou régional. Airbnb a également noté une hausse des réservations pour les 7 à 30 jours suivants. Les signes sont là.
Thibault :
Exactement, il y avait une interview ce weekend où on confirmait cette tendance pour les 7 prochains jours, parfois un peu plus longtemps, selon les marchés. Ici, en Australie/Nouvelle-Zélande, ce n’est pas la même saison qu’aux États-Unis mais la dynamique est claire : on réserve pour tout de suite.
Victor :
En effet, c’est la tendance observée à peu près partout. Pour Melbourne, on la retrouve donc avec Sydney : courbe presque identique, progression timide de la reprise, mais toujours un important écart avec la normale. Si l’on regarde la Nouvelle-Zélande, la situation est meilleure.
Victor :
Même à très court terme (disons sur 15 jours), on est quasiment au niveau de 2019, ce qui est positif. Dès que les restrictions s’allègent, les gens veulent réserver rapidement, mais pas encore pour des séjours lointains. Il est donc trop tôt pour parler de reprise totale, mais sur le court terme, il y a un vrai rebond. La progression entre chaque fenêtre temporelle est encourageante.
Victor :
Pour Auckland, la reprise est moins nette, même si le progrès est supérieur à celui de Melbourne ou Sydney. On constate un regain de confiance pour réserver, avec des augmentations visibles d’une période à l’autre : encore un effet urbain contre rural.
Thibault :
C’est aussi intéressant que pour les périodes éloignées (par exemple Noël/Nouvel An), on n’aperçoit pas encore de pic comme par le passé – peut-être normal d’ailleurs car les séjours fériés ont surtout lieu en dehors des villes.
Victor :
Oui, et c’est vrai, aux États-Unis, par exemple, les séjours pour le 4 juillet ou Noël sont rarement en centre-ville. Même dynamique en Australie/Nouvelle-Zélande.
Thibault :
Sydney, c’est surtout pour le Nouvel An. Je connais moins Auckland à ce sujet…
Victor :
Je dois admettre mon ignorance “américaine” sur Auckland ! Je me fie aux données. Regardons maintenant l’Asie du Sud-Est, où la situation est très différente de l’Australie/Nouvelle-Zélande. Comme évoqué plus tôt, tout dépend de la force du tourisme domestique : les pays où il est fort résistent mieux, car les restrictions de voyages internationaux bloquent les voyageurs étrangers. À Bali par exemple, la clientèle est très internationale, impossible de compter dessus pour l’instant… Ce phénomène va jouer sur la durée et la rapidité de la reprise. Quand les frontières rouvriront, le retour ne sera pas immédiat, ce sera progressif. La tendance est plutôt au tourisme local et régional, ce que les Américains appellent “staycation” – un terme un peu affreux, mais qui désigne des vacances à proximité de chez soi. On pense que ça va perdurer, car beaucoup de clients restent méfiants à l’idée de prendre l’avion ou d’aller à l’aéroport. Ce sera difficile, donc, pour l’Indonésie et la Thaïlande par exemple.
Thibault :
Il est aussi intéressant de noter que même lorsqu’il y a du tourisme domestique fort, ce ne sont pas les mêmes types de voyageurs ni de biens : à Bali, par exemple, l’offre ou la clientèle locale ne correspond pas aux locations destinées aux internationaux. D’ailleurs, les plateformes et les canaux peuvent être différents (WhatsApp, groupes Facebook…).
Victor :
Tout à fait, et nos données sont plus orientées Airbnb et VRBO, ce qui cible probablement une clientèle occidentale. Il peut donc être pertinent de diversifier ses canaux pour capter la demande domestique, qui sera essentielle dans les prochains mois. Les tendances sont très claires.
Victor :
En Indonésie, nous restons très en dessous de la normale, même si sur 5 à 7 jours on a vu une augmentation de 5% il y a un mois puis une stagnation. On est bien en deçà du niveau d’avant crise, avec des taux d’occupation à un chiffre, donc la reprise est très lente pour l’Indonésie et c’est similaire sur Bali. À Ubud aussi, c’est pareil : légère hausse puis stabilisation, gros delta avec la normale : c’est le thème que nous avons évoqué.
Thibault :
Le marché balinais pèse énormément dans la data globale indonésienne sur Airbnb. Ce n’est pas surprenant de voir des courbes similaires.
Victor :
Oui, et à Ubud, c’est exactement le même schéma.
Thibault :
C’est intéressant aussi ce qu’on voit actuellement à Bali : les voyageurs « coincés » (digital nomads, Russes…) cherchent à louer à court terme, très dernière minute, via des groupes locaux. Mais pour l’instant, il y a peu de visibilité pour des réservations futures au-delà du très court terme.
Victor :
Nous verrons pour Bali selon les données d’origine, mais nos données sont au niveau des pays, pas des villes. Peut-être possible d’extraire plus tard, mais pour l’instant c’est ce que nous avons.
Thibault :
OK, c’est déjà très intéressant !
Victor :
Concernant Singapour, c’est un cas un peu à part : on observe davantage de voyages régionaux. Côté performance, Singapour s’en sort un peu mieux que l’Indonésie ou Bali récemment, avec une accélération des réservations sur la fin. Le dernier pic sur les 14 derniers jours est très condensé. On doit encore comprendre pourquoi cette condensation, mais l’on observe bien cette concentration sur le court terme, entre 5 et 7 jours.
Victor :
Pour la Thaïlande (Bangkok), la situation est meilleure que précédemment, surtout à court terme (5 à 15 jours). Le delta se réduit, la reprise est plus franche que pour l’Indonésie ou Bali, notamment sur le dernier mois. Mais cela reste inférieurs aux chiffres de Surfers Paradise ou de la Nouvelle-Zélande. C’est donc positif même si la reprise complète prendra encore du temps.
Victor :
Pour Bangkok, tendance différente : reprise moindre, conforme à ce qu’on observe en milieu urbain. Les voyageurs restent réticents à réserver en ville ; même s’il y a une lueur dans les 7 jours à venir, on reste loin de la normale. Il faudra plus de temps pour une reprise complète sur la capitale.
Victor :
Passons à Koh Samui : ici, la courbe se distingue. Il n’y a qu’une seule journée au niveau de 2019, puis ça redescend, mais c’est l’amorce d’un retour à la normale pour certains jours courts. On espère observer dans les prochaines semaines un rattrapage avec davantage de jours au niveau du benchmark : la confiance revient pour réserver.
Victor :
Voilà pour le tour des analyses sur les réservations futures de ces secteurs. Passons maintenant à la provenance des voyageurs (origin data). Comme mentionné, les régions avec un grand poids de tourisme domestique s’en sortent mieux en matière de reprise. Un rappel : on observe ici les réservations via Airbnb, VRBO et HomeAway, ce qui biaise peut-être un peu la typologie des voyageurs enregistrés.
Thibault :
Par exemple, les touristes chinois en Asie du Sud-Est ne passent souvent pas par ces plateformes.
Victor :
Exactement. Beaucoup de ces marchés disposent déjà d’un solide tourisme domestique, mais avec le COVID, la part du domestique augmente encore. Lorsque l’on compare « avant » et « après » COVID, le point de rupture est février (soit mi-février, soit le 1er février, moment où la crise a vraiment démarré aux yeux du grand public et des médias).
Victor :
On observe donc que pour l’Australie, la part du domestique est largement majoritaire, et qu’elle s’est accrue depuis février (bleu = avant, rouge = après). Ceci est évidemment dû en grande partie aux restrictions de voyages internationaux.
Victor :
Côté villes (Australie), on note une part internationale plus forte qu’à l’échelle nationale, mais qui recule justemment après COVID. Melbourne et Sydney passent ainsi d’environ 55-58 % de domestique avant, à 60-63 % après COVID. Tous les autres pays chutent, sauf le Royaume-Uni. Plus la part domestique est forte, plus la reprise est rapide et solide. Pour Surfers Paradise, la tendance suit celle de l’Australie entière avec une croissance du domestique d’environ 6-7 %.
Victor :
Pour la Nouvelle-Zélande, paradoxalement, on observe une baisse de la part du domestique (d’environ 3-4 %) après février, au profit de l’Australie, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France. Nous n’avons pas encore d’explication claire, mais la tendance va à l’encontre de celle de l’Australie.
Victor :
Pour Auckland, la part du domestique a progressé de 32 à 37 %, mais reste inférieure à la moyenne nationale. Un profil plus international.
Victor :
Indonésie : la part de voyageurs locaux reste la première, mais a reculé de 27 % à 24 % après COVID, au profit d’autres pays (USA, Russie notamment).
Thibault :
On note justement une grande tendance russe. Ces voyageurs sont ceux qui sont actuellement bloqués à Bali et qui cherchent à réserver sur place, ce qui explique la baisse mécanique du domestique.
Victor :
Cela semble en effet l’explication : la progression des réservations russes, qui absorbe mécaniquement une partie des parts locales. Même schéma à Bali, les russes passent devant, ainsi que l’Allemagne et le Royaume-Uni. Chute logique des USA. L’Australie reste à niveau. Je trouve étonnant que l’Indonésie soit reléguée en cinquième position à Bali.
Thibault :
Cela s’explique sans doute par des voyageurs australiens, allemands ou russes, présents sur place, et qui réservent via leur compte national. D’où la modification des statistiques d’origine.
Victor :
Oui, c’est très plausible. L’augmentation russe est frappante, tout comme celle de l’Allemagne. Peut-être, comme vous le dites, à cause d’une population bloquée sur place, ce qui modifie la répartition.
Thibault :
C’est intéressant d’observer cette tendance russe dans les données, qui corrobore les anecdotes recueillies sur le terrain – le phénomène n’est pas marginal.
Victor :
En effet. Ma question pour vous : pourquoi la Russie plus que d’autres nationalités ? Sans doute la difficulté à rentrer dans leur pays, peu de possibilités de vol, certains ont préféré rester à Bali.
Victor :
À Singapour, le changement est encore plus voyant : la part domestique passe de 9 % à 25 % après COVID. C’est l’une des plus fortes progressions observées, signe positif pour la reprise. Petite progression également de l’Allemagne, du Japon, de la France. Peut-être encore dus aux étrangers restés sur place.
Victor :
Regardons la Thaïlande : Bangkok est à la troisième marche en part domestique ; devant, la Chine et les USA. Après COVID, les parts de ces deux pays chutent, mais la Russie, l’Allemagne et la France affichent une hausse – comportement similaire à l’Indonésie (populations “coincées” sur place).
Victor :
À Bangkok, la part des voyageurs chinois augmente contrairement à la Thaïlande dans son ensemble ; l’Allemagne aussi. L’Australie: stable. Le Japon et la France : hausse. Même schéma à Koh Samui, où ces trois pays progressent significativement. Ce n’est pas l’arrivée de nouveaux voyageurs, mais ceux qui restent sur place multiplient les réservations à court terme, d’où une hausse relative de leur part dans la demande.
Victor :
Ce sont donc eux qui “font tourner la machine” actuellement. Par exemple, les Allemands passent de 9 à 15 % à Koh Samui. Cela confirme les anecdotes partagées, validées par les chiffres. Nous suivrons de près ces dynamiques de réservation future, car c’est ce qui permet de se préparer à la reprise.
Victor :
Pour résumer, on observe une augmentation notable des réservations à très court terme (5 à 7 jours, parfois 14). C’est là que la reprise est la plus tangible actuellement. On observe aussi de bons signaux pour un retour à la normale, du moins en Australie et en Nouvelle-Zélande, surtout dans les régions rurales et suburbaines. Il faudra plus de temps pour la reprise urbaine ou dans les marchés d’Asie du Sud-Est.
Thibault :
Merci beaucoup Victor ! Vous avez parfaitement résumé les grandes tendances. Durant cette conférence, nous avons eu le point de vue des gestionnaires australiens, balinais, etc. Grâce à AllTheRooms, nous pouvons vraiment confronter les anecdotes à des données chiffrées – par exemple sur les voyageurs russes ou australiens bloqués. D’autres nationalités ressortent : des Français, des retraités en Thaïlande, etc. C’est passionnant d’avoir des données pour donner du poids aux constats terrain.
Thibault :
J’encourage tout le monde à vous contacter, ainsi qu’AllTheRooms, car il est essentiel de croiser les idées, ouvrir de nouveaux horizons et se demander : que disent les données ? Que peut-on en tirer ensemble? La combinaison entre l’expérience terrain et la donnée est vraiment riche. Comment faire pour en savoir plus sur vos services ou obtenir des données personnalisées ?
Victor :
Bonne remarque : nous venons de lancer un tableau de bord interactif (encore en bêta) avec accès gratuit et illimité à toute personne s’inscrivant maintenant. Vous pourrez y rechercher n’importe quelle zone géographique pour voir la performance passée : rendez-vous sur alltherooms.com/analytics pour vous inscrire. La version finale arrive d’ici une semaine ; si vous vous inscrivez avant, vous aurez un accès gratuit prolongé d’un mois environ, puis il existera des offres payantes. L’indice de réservation future présenté sera disponible sous forme simplifiée dans le dashboard.
Victor :
Vous pourrez ainsi suivre semaine après semaine la reprise dans votre secteur. Dès que mai sera terminé, les données seront actualisées. Si vous souhaitez des analyses plus poussées, contactez-moi pour des services sur mesure.
Thibault :
Merci beaucoup Victor Bosselaar d’AllTheRooms, pour votre temps et vos explications très claires. J’encourage tout le monde à prendre contact avec vous. Excellente journée !
Thibault Masson est un expert reconnu en gestion des revenus et en stratégies de tarification dynamique dans le secteur de la location saisonnière. En tant que responsable du marketing produit chez PriceLabs et fondateur de Rental Scale-Up, Thibault aide les hôtes et les gestionnaires immobiliers grâce à des analyses concrètes et des solutions basées sur les données. Fort de plus de dix ans d’expérience dans la gestion de villas de luxe à Bali et à Saint-Barthélemy, il est un conférencier recherché et un créateur de contenu prolifique, capable de rendre simples des sujets complexes pour un public international.

