Démasquer le « Loup d’Airbnb » : une leçon de prudence pour les hôtes

Plus de 1,5 million de dollars en locations illégales, plus de 2 millions de dollars obtenus frauduleusement, et plus de 450 000 dollars de loyers impayés : ces chiffres stupéfiants marquent les réalisations douteuses de Konrad Bicher, l’autoproclamé « Loup d’Airbnb ». Cet article va explorer les actes et méthodes de Bicher, décrypter comment l’affaire s’est déroulée et quelles leçons les hôtes Airbnb peuvent en tirer.

Les histoires comme celle de Bicher nuisent à la perception du public concernant les hôtes Airbnb, grignotant la confiance entre hôtes et voyageurs. Cette mauvaise image est amplifiée notamment par certaines études, comme celle menée par Asher Fergusson qui a analysé 127 183 plaintes de voyageurs Airbnb.

Le manuel du Loup : ce que Konrad Bicher a fait

Konrad Bicher Wolf of Airbnb
Crédit : Twitter/konrad_bicher

Le modèle commercial de Konrad Bicher était simple mais illicite. De 2019 à 2022, Bicher et ses associés ont loué des appartements à Manhattan, signant des contrats qui leur interdisaient explicitement de sous-louer ou de louer les logements à un tiers. Pourtant, Bicher a fait exactement cela – il a mis ces logements sur des plateformes de location courte durée, dont Airbnb, tout en omettant de payer le loyer et en refusant de quitter les lieux à l’expiration des baux.

Cette stratégie s’est avérée lucrative pour Bicher. De juillet 2019 à avril 2022, lui et ses associés ont échappé à plus d’un million de dollars de loyers impayés tout en gagnant près de 1,2 million de dollars de revenus issus de la location de ces logements.

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Mais les activités de Bicher ne se limitaient pas à l’évasion de loyer. Il a exploité les protections liées au COVID-19 pour éviter l’expulsion et a aussi profité des programmes gouvernementaux d’aide face à la pandémie, notamment le Paycheck Protection Program. Bicher a déposé au moins quatre demandes de prêts PPP et obtenu plus de 565 000 dollars grâce à des informations frauduleuses, telles que de faux documents fiscaux.

Qui est le « Loup d’Airbnb » ?

Derrière ces activités frauduleuses se trouve Konrad Bicher, un homme de 31 ans originaire de Hialeah, en Floride. Bicher s’est auto-surnommé le « Loup d’Airbnb », un surnom qui, selon ses propres mots, « désigne quelqu’un d’assez affamé et impitoyable pour grimper au sommet de l’échelle financière ». Son profil Instagram, rempli de photos de lui en vacances dans des lieux luxueux et à bord de jets privés, donne l’image d’un magnat menant la grande vie.

La traque judiciaire : comment l’affaire est résolue

Les agissements de Bicher ont finalement été découverts. Les propriétaires new-yorkais, victimes de son système, ont tiré la sonnette d’alarme et alerté les médias. Cela a conduit à l’arrestation de Bicher et à une inculpation pour fraude électronique.

Pour répondre aux accusations, Bicher a plaidé coupable et accepté de ne pas faire appel d’une peine de prison de quatre à cinq ans environ. Dans le cadre de son accord de plaidoyer, il a accepté de renoncer à 1,7 million de dollars et de verser près de 2 millions de dollars en dédommagement à ses victimes.

Un cas d’arbitrage locatif : limites éthiques franchies

Le modèle commercial utilisé par Konrad Bicher, connu sous le nom de « Loup d’Airbnb », correspond à une forme d’arbitrage locatif. L’arbitrage locatif consiste à louer un bien sur une longue durée pour ensuite le sous-louer en courte durée, profitant de la différence entre le coût du bail longue durée et les revenus locatifs de courte durée. De nombreux hôtes Airbnb utilisent ce modèle de façon éthique et légale avec beaucoup de succès.

Toutefois, la façon dont Bicher a mis en œuvre l’arbitrage locatif s’est largement écartée des pratiques éthiques et légales. Lui et ses associés ont loué des appartements à Manhattan dans l’intention de les sous-louer sur des plateformes de location courte durée, dont Airbnb, une pratique courante dans l’arbitrage locatif​1​.

Là où la démarche de Bicher est sortie de la légalité, c’est dans son mépris flagrant pour les termes de ses baux et ses engagements envers les propriétaires. Voici les principaux points où il a enfreint la loi :

  • Violation des contrats de location : Les contrats de Bicher interdisaient explicitement la sous-location ou la mise en location à des tiers. En allant à l’encontre de ces termes et en sous-louant quand même les biens, il a violé ses baux et enfreint la loi​1​.
  • Non-paiement du loyer : Bicher percevait les loyers de ses locataires de courte durée, mais ne payait pas le loyer dû à ses propriétaires. Cette rétention de loyer était non seulement une violation de ses obligations contractuelles, mais également un acte de fraude pénale​1​.
  • Refus de quitter les lieux : À l’expiration des baux, Bicher a refusé de libérer les logements, portant ainsi atteinte aux droits des propriétaires​1​.
  • Exploitation des protections liées à la pandémie : Bicher a détourné les protections COVID-19 pour échapper à l’expulsion des logements qu’il sous-louait illégalement. Il a également frauduleusement sollicité des aides gouvernementales censées soutenir pendant la pandémie, aggravant ainsi ses infractions​1​.

Si l’arbitrage locatif est tout à fait légal et éthique lorsqu’il est pratiqué convenablement, l’affaire du « Loup d’Airbnb » rappelle combien il est crucial de respecter toutes les obligations contractuelles et réglementations locales. C’est un rappel fort qu’un écart vis-à-vis des pratiques légales et éthiques peut entraîner de lourdes conséquences.

Responsabilité partagée : réflexion pour les hôtes Airbnb

L’histoire de Konrad Bicher, le soi-disant « Loup d’Airbnb », est certainement une exception au sein de la communauté dynamique et respectueuse des hôtes Airbnb. La plupart des hôtes, comme vous, gèrent leur activité avec intégrité et respect des lois, ce qui rend ce genre d’histoire d’autant plus marquante.

Des cas comme celui de Bicher attirent l’attention des médias et alimentent le débat ainsi que la réglementation croissante autour de la location courte durée. Alors que nous nous adaptons à ces évolutions, il est utile de rester informés sur nos lois locales et les politiques d’Airbnb.

Comprendre et respecter les lois et règlements locaux relatifs à la location courte durée fait partie de notre responsabilité partagée en tant qu’hôtes. Prendre connaissance des clauses de nos baux et respecter les droits et attentes des propriétaires ne nous protège pas seulement sur le plan légal, cela contribue aussi à instaurer une relation positive avec nos communautés.

Conclusion

L’histoire du « Loup d’Airbnb » est effectivement exceptionnelle, et si elle illustre clairement comment des agissements illicites peuvent mener à de graves conséquences judiciaires, elle nous rappelle aussi notre rôle collectif dans la façonner l’image d’Airbnb et du secteur de la location courte durée.

Face à ce type d’incidents, saisissons cette occasion pour nous réengager à opérer dans le respect de l’éthique et de la légalité. Après tout, nos actions collectives jouent sur la perception du public quant à Airbnb et peuvent influencer les réglementations et politiques à venir. L’opinion publique sera déterminante dans le combat d’Airbnb contre les interdictions de location courte durée. En tant qu’hôtes, continuons à faire vivre les valeurs d’honnêteté, de respect et de responsabilité qui sont le socle de notre communauté, et œuvrons ensemble pour un marché locatif durable et respecté.