Données sur la location de vacances : le tourisme est-il devenu hypersaisonnier en Europe ? Après un pic estival prolongé, la demande est-elle sur le point de rechuter ?

Notre partenaire de données sur la location de vacances AirDNA nous a partagé une mine de graphiques, de courbes et d’analyses sur le marché européen pour 2021 (jusqu’à fin octobre). Les tendances de la demande en Europe divergent de celles des États-Unis depuis l’été 2020. Il semble que le marché européen de la location courte durée soit devenu hypersaisonnier, avec des mois d’hiver, de printemps et de fin d’automne moyens, contrastant avec un splendide pic estival qui s’étend jusqu’en octobre. Nous allons ici explorer la perte spectaculaire d’offre et de demande dans les grandes villes partout en Europe. Nous comparerons les marchés capables d’équilibrer l’offre et la demande pour les locations courte durée, et ceux qui ne le peuvent pas. Entendez-vous le chant du cygne ? Tandis qu’octobre 2021 a été, en Europe, le meilleur mois jamais enregistré en termes de reprise par rapport aux niveaux de 2019, la demande pourrait de nouveau chuter. La hausse des nouveaux cas de COVID-19, le temps plus froid et de nouvelles restrictions de voyage liées au variant Omicron pourraient avoir un impact négatif sur les destinations urbaines et les voyages transfrontaliers à nouveau.

Voici l’analyse de Rental Scale-Up du rapport d’AirDNA sur les tendances à court terme en Europe en 2021 (jusqu’ici) :

  • Hypersaisonnalité : Comme en 2020, les données de la location de vacances montrent que la demande est encore plus saisonnière qu’avant la COVID. En Europe, l’été a toujours été la haute saison. En 2020 et 2021, le contraste est encore plus marqué, avec un pic plus long qui s’étend jusqu’en octobre.
  • Dans toute l’Europe, l’effondrement de la demande et de l’offre dans les grandes villes est spectaculaire.
  • L’occupation moyenne en Europe a atteint un niveau record en fin de pic saisonnier, mais probablement parce que le nombre total d’annonces a diminué (baisse de l’offre en ville) et la demande est restée soutenue sur les marchés non urbains. Ainsi, la forte occupation était surtout un signe de bonne santé du marché, compte tenu de ce qui se passait dans les grandes villes.
  • Les pays qui parviennent à équilibrer l’offre et la demande s’en sortent bien, comme la Russie, la France et le Royaume-Uni. Certains pays ont aussi bénéficié d’une préférence beaucoup plus forte pour les séjours domestiques, comme l’Allemagne. Là où la demande était habituellement majoritairement internationale (95% pour Prague et la République tchèque), la situation reste critique.
  • À mesure que le pic estival se prolongeait sous la forme d’un bel été indien (septembre et octobre), l’Europe a commencé à enregistrer d’autres signaux positifs :
    • Le voyage transfrontalier en Europe est en hausse (le succès du pass sanitaire européen doit être noté)
    • La demande revenait lentement vers les villes
    • Les réservations de Noël progressaient convenablement, avec des destinations ski (ex : pays alpins) en bonne forme
  • Cependant, la montée des nouveaux cas de COVID, de nouvelles mesures de confinement, ainsi que les restrictions de voyage internationales dues au variant Omicron menacent de remettre en cause certains de ces progrès. L’hypersaisonnalité pourrait rester une tendance de la location de vacances en 2022.
  • Les réglementations COVID-19 pourraient à nouveau diverger entre les pays européens, rendant le pass sanitaire européen plus difficile à utiliser comme sésame pour entrer dans les pays voisins. Par exemple, le pass sanitaire français exigera une troisième dose de vaccin à partir du 15 janvier 2022. Les Européens attendront-ils que les règles soient de nouveau harmonisées pour voyager en 2022 ?

Globalement, Été 2021 = Meilleur été jamais enregistré pour les locations courte durée

Vacation rental data global 2021 trends
  • D’abord, examinons les sources des données présentées ici. Elles proviennent d’AirDNA, qui utilise les données de Airbnb et Vrbo. Vous pouvez donc imaginer que les données reflètent principalement ce qui se passe dans l’hémisphère nord, et surtout aux États-Unis et en Europe. C’est pourquoi les pics de revenus sont généralement au T3 (juin, juillet et août).
  • Aux États-Unis, les locations de vacances ont connu une année 2021 extraordinaire,
  • Notez le nouveau schéma de « long été » : les revenus en septembre et octobre 2021 étaient également plus élevés qu’en 2019, malgré une demande faible dans certains marchés comme les grandes villes.

Mais, en Europe : La demande de locations courte durée en Europe reste inférieure de 8,3 % aux niveaux de 2019

Vacation rental data europe vs us 2021 trends
  • Nous avons vu qu’à l’échelle mondiale, octobre 2021 a été meilleur qu’octobre 2020 et même 2019.
  • Surtout en Amérique du Sud (printemps local)
  • Marché nord-américain : +10% par rapport à octobre 2019 (États-Unis : +12,2%, selon ce rapport d’AirDNA)
  • Europe : -8,3% sous le niveau d’octobre 2019 (mais +48,9% par rapport à 2020).
    • Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
    • Nous allons le voir plus en détail, mais les chiffres varient en fonction des pays européens (Russie + 31%, France, +4%, République tchèque -51%, Irlande -35%) et des types de marchés (les locations de vacances font mieux que les villes où l’offre et la demande se sont effondrées, comme à Prague et Londres).
    • Inférieur aux États-Unis, oui. Mais l’Europe revient de loin, les États-Unis dépassant les niveaux de 2019, mois après mois, depuis janvier 2021.

Pourtant, il s’agit d’une réussite pour l’Europe, car octobre 2021 a été le mois le plus proche des niveaux de 2019 depuis le début de la pandémie

Vacation rental data europe october change 2021 trends

En hiver, au printemps et en été, la demande globale pour les locations courte durée européennes était encore inférieure aux niveaux de 2019. Par exemple, janvier était à -40% par rapport au même mois de 2019 ; avril à -48% et juillet encore à -19%.

En octobre 2021, 4 pays ont enregistré PLUS de demande qu’en 2019 : Russie, Allemagne, France et Suisse

Vacation rental data europe country per country 2021 trends
  • Russie (+31%), Allemagne, France et Suisse.
  • Royaume-Uni à – 5%.
  • Pire : Irlande, Hongrie et République tchèque (-52%)

Pourquoi certains pays européens enregistrent-ils de la demande, tandis que d’autres la voient s’effondrer ?

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  • La demande domestique, clé de la performance 2021
  • En 2019, la part du domestique était de 68% pour la France, 66% pour la Russie, 62% pour le Royaume-Uni et 39% pour l’Allemagne => Grands pays avec une forte demande locale
  • La part domestique de la demande de location courte durée était de 39% pour l’Allemagne en 2019 : grand pays, où la demande était partagée entre destinations domestiques et internationales. Tournée vers l’offre domestique en 2021.
  • République tchèque 5% domestique, 95% international => Marché domestique trop petit pour soutenir l’offre locale.

La situation commençait à s’améliorer, avec plus de voyages transfrontaliers et les villes recevant enfin plus de demande

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Voyages intra-européens : en septembre, la demande transfrontalière repartait. Les voyageurs étrangers représentaient 50% de la demande en septembre.

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À noter que l’été 2021 a vu un grand succès pour le pass sanitaire COVID de l’UE. Les pays européens ont réussi à s’accorder sur un format unique d’application, permettant l’interopérabilité des différents QR-codes délivrés partout sur le continent. Par exemple, un Néerlandais pouvait utiliser son QR code émis aux Pays-Bas pour entrer dans un restaurant en France. Cela a permis aux voyageurs de ressentir que le voyage transfrontalier était possible, avec des règles plus stables et claires.

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  • La demande pour les locations courte durée urbaines repartait aussi. En octobre 2021, elle était encore à -47% par rapport à 2019.
  • La demande perdue a entrainé une baisse de l’offre, avec des chiffres hallucinants à travers l’Europe.
  • Les restrictions sur les voyages internationaux (ex : peu de voyageurs américains), une préférence pour les espaces extérieurs et les confinements à répétition ont eu un fort impact négatif sur la demande de locations courte durée dans les grandes villes européennes. Le Brexit a aussi joué un rôle dans certaines destinations.
  • Dublin a connu une baisse de 69% de la demande, tandis que son offre s’est effondrée de 65% en octobre 2021. Il ne s’agit pas de mars 2020 ici, mais d’octobre 2021. Avec une si faible demande, il n’est pas étonnant qu’une grande partie du parc immobilier ait quitté le marché de la location de courte durée dans les grandes villes.
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Taux d’occupation record… grâce à l’écroulement de l’offre dans les grandes villes

Vacation rental data europe 2019 vs 2021 trends

Les taux records se poursuivent pour les locations courte durée européennes

Taux d’occupation mensuel dans la location courte durée européenne : l’occupation est plus élevée en juillet, août et octobre 2021 qu’en 2019 (sauf septembre) → La saison haute s’allonge

  • Comment la demande peut-elle être inférieure à celle de 2019 alors que l’occupation est au plus haut ?
    • Le mystère se résout si l’on regarde la chute de l’offre en ville et la forte demande pour les locations de vacances dans les marchés de destination.
  • Demande : villes vs non-villes
    • Demande pour les villes : – 40% en France, Allemagne et Espagne, – 45% en Allemagne
    • Demande hors grandes villes : + 30% en Allemagne par rapport à 2019 ; +18% en France (Italie= -8%, Espagne, +1%)
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Données sur la location de vacances : France, 2019 vs 2021 (mois d’octobre)

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Paris toujours en baisse, la Côte d’Azur à peine en hausse (impact négatif des villes comme Marseille, Cannes et Nice, avec les voyages internationaux et d’affaires (ex : salons à Cannes) encore en berne).

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Royaume-Uni 2019 à 2021 : les destinations se sont rétablies, pas les villes

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L’Espagne comme exemple d’un marché où la demande pour les espaces partagés reste faible, tandis que les plus grands logements sont recherchés

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Début 2022 : tendances de la location de vacances en Europe

Vacation rental trends europe 2022
  • Le nombre moyen de nuits réservées en Europe est à -17 % pour les mois à venir (novembre, décembre et janvier)
    • Seul le Danemark est positif
    • La France est à -4 %, CZ à -55 %, l’Allemagne à -12 %, le Royaume-Uni à -20 %, Italie et Espagne à -25 %
  • La demande de Noël est à 17% sous le niveau de 2019 (contre -23% en 2020)
  • Les destinations ski s’en sortent plutôt bien pour début 2022.
Vacation rental data europe 2022 trends

Conclusion : Chant du cygne avant que l’hiver, la COVID et le variant Omicron fassent rechuter la demande de locations courte durée ?

Le retour des voyages internationaux est essentiel pour une reprise urbaine. Pourtant, les restrictions de voyage persistent.

Le voyage transfrontalier en Europe dépend de l’évolution des règles COVID. Elles changent déjà sans cesse dans votre propre pays, il est donc difficile de suivre les règles ailleurs. L’été 2021 a été une grande réussite pour le pass sanitaire de l’UE. Mais les règles pourraient de nouveau diverger : à partir du 15 janvier, il faudra une troisième dose pour avoir son QR-code pass sanitaire en France. Cette règle sera probablement différente ailleurs.

Peut-être que les voyageurs choisiront à nouveau de ne pas visiter les villes européennes cet hiver, ce qui ferait de 2022 la troisième année d’affilée où la demande est hypersaisonnalisée en Europe.