AirDNA et Rental Scale-Up s’associent pour partager et commenter des données pertinentes sur la performance du marché européen de la location saisonnière à court terme, à l’occasion de la publication de la première édition du rapport de marché européen d’AirDNA.
De la Russie au Royaume-Uni, des grandes villes comme Paris aux destinations rurales reculées de Bavière, les évolutions de la demande pour les locations de vacances, entre 2019 et 2021, n’auraient pas pu être plus contrastées. Examiner la moyenne européenne est utile en tant que référence, mais le continent entier ne peut être expliqué par des moyennes. Regardons ensemble les données fournies par AirDNA pour raconter l’histoire de la demande de l’été 2021 pour les locations européennes.
Une histoire de demande concentrée sur moins d’annonces, moins de destinations internationales et moins de mois.

En moyenne, le taux d’occupation des locations de courte durée en Europe a atteint un record absolu de 73,6 % en août 2021. C’était 6,1 % de plus qu’en 2019 et 13,6 % de plus qu’en 2020. Cela semble positif, mais, comme toujours dans la vie, tout est relatif.
Que signifie le taux d’occupation ?
Le taux d’occupation d’une location de vacances à court terme correspond au nombre de nuits réservées divisé par la somme des nuits disponibles et des nuits réservées.
Ainsi, si la demande (c’est-à-dire les nuits réservées) reste la même mais que soudain il y a moins d’annonces disponibles, alors le taux d’occupation augmentera.
En Europe, AirDNA a suivi plus de 42,3 millions de nuits vendues en août 2021, soit le plus grand nombre de nuits d’annonces vendues depuis le début de la pandémie. Cependant, cela restait 21,0 % en dessous des niveaux de 2019.
Parallèlement, le nombre d’annonces a diminué d’environ 20 % en moyenne. Certaines destinations, telles que les grandes villes, les marchés urbains avec des réglementations plus strictes pour la location de courte durée, et une forte dépendance envers les voyageurs étrangers, ont connu une baisse d’offre bien plus importante. Par exemple, à Londres, le nombre d’annonces disponibles a chuté de 48 % par rapport à 2019.
Comme vous le verrez ci-dessous, la demande s’est concentrée sur moins de mois, surtout en juillet et août, la demande étant restée faible jusqu’à la fin du mois de juin.
Le taux d’occupation a donc atteint un record en août 2021, mais de nombreuses annonces de locations de courte durée n’étaient tout simplement plus disponibles. Ce record masque aussi le fait que jusqu’en juillet, l’occupation moyenne n’avait rien d’exceptionnel et restait largement en dessous des chiffres de 2019.
Taux d’occupation des locations de courte durée en Europe : pics en juillet et août, mais des chiffres plus stables au Royaume-Uni
En France, en Espagne et en Italie, les taux d’occupation n’ont atteint leur pic qu’en juillet et août. Au Royaume-Uni, l’occupation a progressé plus régulièrement depuis la levée des restrictions de voyage en avril. L’Allemagne était dans une situation intermédiaire, avec un taux d’occupation incroyable de 79 % en août.
Cependant, comme nous le verrons ci-dessous, un taux d’occupation élevé ne signifie pas nécessairement une forte demande. La forte baisse de l’offre a contribué à donner des chiffres d’occupation flatteurs.

Le nombre de locations de courte durée disponibles en Europe est encore 21 % en dessous des niveaux de 2019
Il y a moins d’annonces disponibles. Quelques raisons possibles :
- Dans les marchés urbains, des propriétaires ont retiré leurs biens du marché de la location de courte durée pour les remettre sur le marché locatif longue durée / résidentiel
- Des restrictions légales ont fait sortir encore plus d’annonces du marché
- Quelques résidences secondaires sont occupées par leurs propriétaires et ne sont donc pas disponibles sur le marché

En observant le graphique ci-dessous, on constate que les villes de taille moyenne qui attirent traditionnellement beaucoup d’étrangers ont été lourdement touchées. L’impact est encore plus fort si les autorités locales ont adopté de nouvelles restrictions sur la location de courte durée entre 2019 et 2021. Par exemple : Prague (-58 %) et Amsterdam (-55 %).
Les grandes villes européennes comme Londres et Paris figurent logiquement dans cette liste. Vu la taille de ces villes, cela fait beaucoup d’annonces de locations de courte durée qui disparaissent du marché.

Une demande concentrée sur moins de destinations, soutenues par des marchés domestiques solides
En août 2021, la demande moyenne en Europe reste encore 21 % en dessous des chiffres de 2019.

Comme nous l’avons vu, les taux d’occupation sont à des niveaux record, car la demande plus faible se concentre sur une offre encore plus restreinte.
La demande s’est également concentrée sur certaines destinations. Dans notre analyse du marché français, on pouvait voir que la demande pour la région parisienne restait très faible par rapport à 2019. Le contraste entre une métropole comme Paris, qui attire d’ordinaire des millions de touristes français et internationaux, et une région rurale comme la Bourgogne est fort. Les destinations françaises hors agglomération ont bien tiré leur épingle du jeu, grâce au marché national et aux visiteurs proches, venus de Belgique et des Pays-Bas par exemple.

Cet exemple tiré du marché français rejoint le graphique suivant. Ici, on compare :
- La part de la demande domestique pour la location de courte durée en 2019
- Avec l’évolution de la demande entre 2019 et 2021
On distingue une relation entre l’importance de la demande locale et l’évolution de la demande totale : plus la part de la demande domestique est élevée, moins la chute de la demande globale sur les locations de courte durée est forte.
Par exemple, la France, la Russie et le Royaume-Uni ont été soutenus par leur demande locale. Les pays ayant traditionnellement une faible part de demande domestique, comme la République tchèque, la Hongrie, le Portugal et la Croatie, ont connu les baisses de demande les plus marquées entre 2019 et 2021.
L’Allemagne est un cas intéressant : la variation enregistrée de la demande globale a été plus faible que ce que le modèle prédisait. Si l’on relie cette observation aux niveaux records d’occupation en Allemagne, on peut penser que les Allemands se sont tournés en masse vers les locations locales, plus que d’habitude.

Automne 2021 : l’Allemagne et le Royaume-Uni devraient faire mieux qu’en 2019
En projetant la demande future, mesurée par les nuits réservées, l’Allemagne et le Royaume-Uni devraient continuer de profiter d’une meilleure situation que les autres pays européens. Certains pays traditionnellement plus prisés à l’automne, comme la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie pourraient être moins performants.
Encore une fois, il se pourrait que les voyageurs allemands et britanniques privilégient leur marché domestique, alimentant la demande et le taux d’occupation localement plus qu’à l’ordinaire, et pesant sur les chiffres d’autres pays.

Les déplacements transfrontaliers à travers l’Europe n’ont toujours pas totalement repris. Les voyageurs restent plus prudents après l’été, certains grands marchés retenant leurs voyageurs au sein de leurs propres frontières.
Thibault Masson est un expert reconnu en gestion des revenus et en stratégies de tarification dynamique dans le secteur de la location saisonnière. En tant que responsable du marketing produit chez PriceLabs et fondateur de Rental Scale-Up, Thibault aide les hôtes et les gestionnaires immobiliers grâce à des analyses concrètes et des solutions basées sur les données. Fort de plus de dix ans d’expérience dans la gestion de villas de luxe à Bali et à Saint-Barthélemy, il est un conférencier recherché et un créateur de contenu prolifique, capable de rendre simples des sujets complexes pour un public international.




