Après des remboursements massifs et des annulations, les gestionnaires de locations de vacances et les opérateurs de locations de courte durée font face à une nouvelle source de vents contraires : des interdictions imposées par les autorités nationales et locales. Airbnb, Booking.com et Vrbo ont cessé de prendre des réservations dans certaines régions.
Après le QUOI, nous allons parler du POURQUOI. Premièrement, les locaux ne sont pas ravis de voir des personnes pratiquer le tourisme de quarantaine et potentiellement répandre des germes. Cela s’est vérifié dans de nombreuses zones traditionnelles de location de vacances (par exemple, les Highlands en Écosse, la côte Atlantique en France), ainsi que dans les zones urbaines : les résidents d’immeubles s’inquiètent de la présence de voyageurs Airbnb dans leurs immeubles et utilisant les espaces communs. Deuxièmement, certaines villes profitent également de l’occasion pour reprendre la main sur le marché de la location de courte durée (par exemple, Prague, Amsterdam).
Interdictions de locations de vacances liées à la crise du coronavirus COVID-19
Airbnb documente ces restrictions sur les locations de courte durée et de vacances à travers le monde sur cette page : Restrictions et conseils de voyage émis par les gouvernements. Sur chaque continent, de nouveaux décrets ont émergé pour interdire totalement ou partiellement ce type d’hébergement.
Les mesures varient d’un endroit à l’autre : dans certains, les locations de courte durée peuvent rester ouvertes si elles accueillent des travailleurs en première ligne (par exemple, le personnel médical). Dans d’autres, les locations de vacances sont interdites jusqu’à la fin du mois d’avril, voire pour une période indéterminée.
Par exemple, les locations de vacances sont censées être fermées dans tout le Mexique, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’Espagne, l’État du Vermont aux États-Unis, ainsi que dans les deux provinces canadiennes du Québec et de l’Ontario. En Floride (États-Unis), les hôtels ont rouvert, mais les locations de vacances restent interdites.
À Honolulu, il n’est pas possible d’effectuer de nouvelles réservations avant le 1er juin, mais les voyageurs déjà présents dans des locations de vacances peuvent y rester (exemption pour confinement sur place). Dans certains endroits, la réservation instantanée n’est pas possible mais les séjours sur demande le sont.
Il est déjà suffisamment difficile pour les propriétaires et gestionnaires de locations de vacances de suivre la situation, donc Airbnb, Booking et Vrbo affichent désormais des bannières sur leur site web pour avertir les voyageurs que de telles restrictions sont en vigueur.
Message de restriction pour les locations de vacances sur Airbnb

Message de restriction pour les locations de vacances sur Booking.com

Message de restriction pour les locations de vacances sur Vrbo / HomeAway

Exemples spectaculaires d’application des interdictions de location de vacances
Dans certaines régions, les agences de voyages en ligne (OTA) ont appliqué les restrictions un cran plus loin, en empêchant littéralement les voyageurs de réserver des locations de courte et moyenne durée.
Par exemple, vous pouvez voir ci-dessous à quoi ressemble une recherche sur Vrbo.com pour un séjour à Cancún dans les prochains jours : Rien. Toutes les annonces ont été retirées des résultats de la page de recherche.

Voici un autre exemple : rechercher une location (de vacances) dans les Cotswolds, au Royaume-Uni, pour début mai sur Airbnb. Notez que la page de résultats est vide lorsqu’on recherche des hébergements réservables instantanément : les locations doivent rester ouvertes uniquement pour les personnes ayant une raison valable de voyager (par exemple, personnel médical, urgence familiale telle qu’un décès), et les hôtes Airbnb sont donc invités à examiner attentivement les demandes de réservation et à filtrer les bonnes.

Ci-dessous, vous pouvez voir une recherche de séjours dans le Vermont, aux États-Unis, sur Booking.com :

Les locations de vacances sont de plus en plus mal vues
Dans de nombreuses zones traditionnelles de location de vacances, la population locale a vu des dizaines de personnes venues de grandes villes comme New York, Paris et Londres se rendre dans leurs résidences secondaires ou louer des Airbnbs dès que le confinement a été évoqué. Certaines de ces villes étant des foyers de contamination au coronavirus COVID-19, les habitants craignaient que les voyageurs n’apportent le virus avec eux.
Voici quelques-uns des dizaines de titres similaires dans le monde :
- Airbnb souffre alors que les gouvernements interdisent les locations de courte durée (CNBC)
- Booking.com « irresponsable » pour continuer à prendre des réservations écossaises (The National)
- À l’approche de l’été, les restrictions COVID frappent durement les locations de vacances de la région de McCall (Boise Dev)
Certaines villes profitent de l’occasion pour restreindre la location de courte durée
La plupart de ces interdictions sont temporaires et nécessaires pour ralentir la transmission du virus. Pourtant, dans certaines villes, les autorités locales prennent des mesures restrictives qui pourraient être durables. De nombreuses municipalités se sont réjouies de voir s’effondrer les soi-disant empires Airbnb bâtis sur l’arbitrage locatif. Elles y voient une bonne occasion de s’assurer que le marché du logement profite de la baisse du nombre de biens dédiés à la location de courte durée.
Par exemple, cet article « Prague veut mieux contrôler Airbnb grâce aux mesures liées au coronavirus » explique que « En utilisant les pouvoirs spéciaux de l’état d’urgence mis en place pendant la pandémie, la chambre basse du parlement tchèque a accéléré l’adoption d’un plan permettant aux autorités locales de mieux collecter taxes et autres informations sur les locations de courte durée. (…) “Si nous pouvons réglementer Airbnb ou des plateformes similaires à une période où il n’y a pas de touristes, cela pourra être bénéfique. Les gens souhaitent vivre dans la ville comme résidents permanents.” »
Les régulations appliquées à Amsterdam ne sont pas liées à la crise du coronavirus. Cependant, les propriétaires et exploitants de locations de courte durée sont parfois perçus comme des profiteurs, si bien qu’ils ne suscitent aucune sympathie à la veille d’une grande récession. Pour en savoir plus sur le sujet : Amsterdam va interdire Airbnb dans le centre-ville et imposer des permis pour les locations de vacances.
Conclusion : Temporaire, mais jusqu’à quand ?
Les interdictions temporaires sur les locations de vacances peuvent se prolonger à la fin du printemps et au début de l’été. Par exemple, en France, les hôtels et les locations de vacances resteront fermés après le 11 mai, date de la levée officielle du confinement. Il n’est pas encore clair quand ces hébergements pourront rouvrir.
Espérons que la majorité de ces interdictions prendront fin dès que les motifs sanitaires diminueront. Dans certaines villes, de nouvelles restrictions pourraient cependant durer dans le temps.
Thibault Masson est un expert reconnu en gestion des revenus et en stratégies de tarification dynamique dans le secteur de la location saisonnière. En tant que responsable du marketing produit chez PriceLabs et fondateur de Rental Scale-Up, Thibault aide les hôtes et les gestionnaires immobiliers grâce à des analyses concrètes et des solutions basées sur les données. Fort de plus de dix ans d’expérience dans la gestion de villas de luxe à Bali et à Saint-Barthélemy, il est un conférencier recherché et un créateur de contenu prolifique, capable de rendre simples des sujets complexes pour un public international.




