Cet article fait partie de notre série sur la conférence Rental Scale-Up sur la gestion des locations de vacances. Il s’agit d’un extrait de notre conférence d’avril 2020 : “Survivez à la crise du COVID-19 en découvrant comment les gestionnaires locaux de biens immobiliers résistent à l’épidémie mondiale de coronavirus.”
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Sarah DuPre d’AirDNA
Pour mieux vous aider à passer à l’action sur votre propre marché, Sarah DuPre, de la société de données AirDNA, va vous présenter les tout nouveaux outils lancés par son entreprise. Elle expliquera pourquoi les données historiques ne sont plus pertinentes face à une pandémie sans précédent et pourquoi vous devez désormais analyser les tendances des nouvelles réservations dans votre région : Pour quelles dates les gens continuent-ils à réserver ? Combien de temps à l’avance ? Comment vos tarifs pour 2020 se comparent-ils à ceux des propriétés réservées ? Comment la diminution de l’offre sur votre marché influe-t-elle sur les indicateurs que vous analysez ? Où obtenir ces données pour votre propre marché local ?
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Vidéo de la conférence 2020 des gestionnaires locaux de biens immobiliers
- Sarah et son équipe chez AirDNA travaillent actuellement à collecter des données auprès de gestionnaires de biens afin d’évaluer l’état du secteur de la location courte durée. AirDNA a été surprise de constater l’apparition de nouvelles réservations dans leurs jeux de données et a donc contacté des gestionnaires de biens dans la région de Barcelone qui ont confirmé qu’ils recevaient bien des réservations.
- Ces nouvelles réservations se répartissaient en deux catégories :
- Des professionnels de santé et leurs proches ayant besoin d’un logement à proximité de l’hôpital
- Des personnes cherchant un endroit calme pour travailler, notamment si elles ont des enfants ou d’autres sources de distraction chez elles
- Le marché des Hamptons, par exemple, connaît une forte hausse des réservations (+300 %) portée par des citadins quittant New York pour s’isoler hors de la ville.
- Les déplacements seront peut-être cette année plus locaux ; autrement dit, les gens voyageront davantage dans leur propre pays plutôt qu’à l’international, en raison des confinements et restrictions de voyage.
- Puisque les outils de tarification pour la location courte durée (PriceLabs, la tarification intelligente d’Airbnb, ou même celui d’AirDNA) proposent des recommandations fondées sur des données et des tendances historiques, leurs préconisations ne sont pas forcément précises aujourd’hui. Certains de ces outils ont même suspendu leur service, conscients qu’ils ne peuvent pas prévoir avec justesse dans un contexte aussi incertain.
- L’équipe de Sarah développe à présent de nouvelles méthodes pour fournir des informations utiles à partir des données dont ils disposent. Ils comparent les performances passées du marché aux performances actuelles afin de vérifier si les marchés sont en phase de reprise ou non, et à quel rythme la reprise s’effectue.
- Le nouveau tableau de bord d’AirDNA “Future Demand Analysis” analyse le “pacing”, c’est-à-dire la situation actuelle comparée à la même période l’année dernière.
- Le premier graphique montre le nombre d’annonces disponibles comparé au nombre de réservations confirmées chaque jour, ce qui donne le taux d’occupation du marché.
- Le second graphique donne le tarif médian réservé pour cette année et pour l’an dernier. L’objectif est de suivre la convergence des deux courbes (cette année et l’année dernière).
- En outre, il est possible de filtrer pour afficher uniquement les réservations faites lors des 60, 30 ou 7 derniers jours.
- AirDNA collecte les données de chaque annonce Airbnb et Vrbo au niveau mondial.
- Qu’en est-il des réservations effectuées via d’autres plateformes qu’Airbnb et Vrbo ? AirDNA utilise les données de réservation d’entreprises de gestion immobilière de taille moyenne à grande utilisant des channel managers ainsi que l’état des calendriers des hôtes individuels pour établir la performance globale des biens. Même si une réservation a été faite sur un autre canal, la disponibilité sera bloquée sur Airbnb et Vrbo, ce qui permet à AirDNA d’en déduire qu’une réservation a été réalisée.
- AirDNA propose désormais un tableau de bord gratuit affichant des données clés par pays, pour que les gestionnaires de biens visualisent les tendances nationales sans être abonnés à AirDNA.
- Un abonnement est nécessaire pour accéder aux données au niveau des villes.
- Ces données permettent aux gestionnaires de biens de comprendre ce qui se passe sur leur marché et d’anticiper la demande ainsi que de piloter leur tarification sur les dates futures.
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Conversation intégrale entre Sarah DuPre et Thibault Masson
Thibault :
Chers membres de Rental Scale-Up, merci de nous rejoindre pour cette nouvelle session. Nous accueillons Sarah DuPre, qui travaille chez AirDNA, une société de données qui connaît parfaitement tout ce qui se passe sur les marchés du monde entier pour la location courte durée et de vacances. Elle va aborder plusieurs sujets, notamment sur la situation telle qu’elle la vit. Elle se trouve actuellement à Barcelone, et comme on le sait, l’Espagne est un pays très marqué par le coronavirus. Avoir le point de vue local est donc particulièrement précieux. Par ailleurs, grâce aux échanges avec des gestionnaires comme vous et à l’analyse des données AirDNA, elle peut nous expliquer comment ils ont pu savoir ce qui se passe à l’échelle locale.
Thibault :
Nous parlerons aussi de questions telles que la tarification. Comment fixer vos prix en ce moment ? Vous aviez peut-être l’habitude de vous faire aider par des outils de tarification dynamique ou des fonctionnalités comme la tarification intelligente d’Airbnb ou le market maker de Vrbo. Mais ces outils ne sont peut-être plus aussi fiables, car beaucoup reposent sur des données historiques, qui évidemment ne tiennent pas compte d’une pandémie mondiale. Nous verrons pourquoi cela ne fonctionne plus, et nous aborderons les indicateurs à surveiller aujourd’hui pour comprendre ce qui se passe sur votre propre marché, mais aussi comment détecter les prémices d’une reprise. Elle partagera aussi son écran pour nous montrer les outils développés par AirDNA qui permettent d’analyser le rythme des nouvelles réservations et d’obtenir plein d’informations utiles pour vous aider à garder le contrôle de la situation et à bien vous préparer pour l’avenir. Bienvenue Sarah et merci de prendre le temps d’être avec nous.
Sarah :
Merci beaucoup Thibault de m’accueillir.
Thibault :
Comme je le disais, tu es à Barcelone en ce moment. Peux-tu nous dire comment se passe la situation pour toi ?
Sarah :
Oui, absolument. À Barcelone, comme partout, tout le monde est confiné ; on ne sort que pour aller au supermarché ou à la pharmacie. Certains secteurs comme le bâtiment peuvent reprendre, mais tous ceux qui le peuvent doivent télétravailler. J’ai la chance d’habiter à la campagne, à l’extérieur de Barcelone, donc je n’ai plus mes deux heures de trajet quotidiennes et c’est plus calme, contrairement à certains de mes collègues, donc je me considère chanceuse. Comme tout le monde, il s’agit de rester positif, confiné, et connecté grâce à la visioconférence et à internet. Il y a bien une lumière au bout du tunnel, c’est certain.
Thibault :
Et à propos de rester connecté, je trouve impressionnant deux choses : d’abord les gestionnaires de biens continuent à te contacter, ils partagent ce qui se passe actuellement, et ensuite ton équipe (avec des gens à Barcelone, Londres, aux États-Unis) a réussi à développer de nouveaux outils. Peux-tu d’abord nous expliquer ce que tu sais de la situation locale à Barcelone : que vivent les gestionnaires en ce moment ?
Sarah :
Oui, tout à fait. Le premier constat, c’est que personne n’était préparé à une pandémie mondiale. Aucun de nos outils, modèles ou algorithmes n’avaient été conçus pour ça, donc on s’est dit tout de suite qu’il fallait contacter nos partenaires, nos clients gestionnaires de biens, pour comprendre ce qui se passe réellement et voir comment tout cela se reflète dans les données. Ce qui nous a étonnés, c’est qu’on voyait encore des réservations. Notre algorithme détectait des réservations dans certaines données anonymisées reçues de nos partenaires, ce qui nous a interpellés. Alors on a appelé certains de nos clients gestionnaires de biens pour leur demander s’ils recevaient vraiment des réservations ou si nous faisions fausse route.
Sarah :
Et en effet, ils recevaient bien des réservations. Nous avons parlé à plusieurs clients dans les zones où nous avons constaté une hausse, notamment à Barcelone. Et lorsqu’on a contacté nos gestionnaires, ils nous ont dit oui : ils reçoivent surtout deux types de réservations à Barcelone. Premièrement, dès le premier jour, certains sont allés jusqu’aux hôpitaux pour proposer leurs logements ; ils ont vu sur place des médecins, infirmiers ou membres de famille ayant besoin de se loger près de l’hôpital, soit parce qu’ils travaillent trop loin, soit parce qu’ils ne veulent pas rentrer chez eux par peur de contaminer des proches vulnérables.
Sarah :
Ils ont donc proposé certains appartements, avec l’accord des propriétaires, pour aider les soignants. Rapidement, plusieurs réservations sont venues de personnes travaillant dans le secteur médical. Ensuite, ils ont aussi vu un énorme bond de la part de personnes cherchant un endroit tranquille où télétravailler. Tout le monde est en télétravail, mais pour certains, avec trois enfants à la maison sans école, deux parents en visioconférence en permanence, c’est compliqué. Ceux qui ont la chance d’avoir quelqu’un pour garder les enfants louent alors un logement indépendant pour télétravailler au calme et en toute sécurité. L’autre marché avec une forte hausse, c’est celui des Hamptons.
Sarah :
Là-bas, on a constaté une croissance de 300 % d’une année sur l’autre et on pensait à une erreur, mais les gestionnaires nous ont confirmé qu’avec le début de la vague à New York au début mars, il y a eu un afflux massif de réservations : les familles voulaient quitter la ville dès la fermeture des écoles, et pensaient qu’il était préférable de se confiner dans une grande maison des Hamptons plutôt que dans un trois-pièces à Manhattan. C’était bien à voir ; et c’est particulièrement encourageant de voir par exemple à Barcelone que des gens sont allés attendre devant les hôpitaux pour proposer des logements. Aux Hamptons, c’est ce que nous appelons le “tourisme de quarantaine” qui a amplifié la demande.
Thibault :
Oui, c’est frappant. Vous citez le personnel médical cherchant un logement, les gens qui veulent travailler au calme, mais aussi ce tourisme de quarantaine. Pour les personnes qui n’ont jamais été sur le blog AirDNA, il y a un article remarquable avec des graphes très clairs sur les principales destinations de cette tendance. Ma question, car j’essaie toujours de voir le futur : une fois le confinement levé, pense-tu que ces endroits, qui ont déjà attiré ces visiteurs avant la crise, seront les premières destinations de reprise ? Ont-ils acquis une image de refuge ? Peut-on analyser ce genre de tendances dans les données ?
Sarah :
Oui, c’est sûrement un facteur à prendre en compte, et j’ajouterais aussi que le tourisme sera probablement, d’abord, bien plus localisé. Par exemple, je comptais aller en Italie en vacances cette année, or cela ne sera sans doute pas possible, mais peut-être pourrais-je partir un ou deux jours à 45 minutes de chez moi. Je pense donc qu’on va assister à la reprise du tourisme intérieur, puis de l’international : la demande va se concentrer localement d’abord. Et pour ceux qui sont partis se confiner ailleurs (comme aux Hamptons), certains y resteront peut-être plus longtemps que prévu, le séjour d’une ou deux semaines risque de durer un mois ou plus.
Sarah :
Donc il y a vraiment des tendances très intéressantes à suivre.
Thibault :
En regardant les tendances, tu disais donc que le tourisme intérieur, les trajets en voiture, seraient les premiers à repartir, voire les gens qui visitent famille ou amis ailleurs dans leur pays. Mais comme on l’a vu dans d’autres vidéos avec des hôtes d’autres régions (Budapest, la vallée de l’Andrews, etc.), il y a aussi les nomades digitaux et ceux bloqués loin de chez eux, comme les voyageurs russes en attente de rapatriement. Cela génère malgré tout une certaine demande : il y a encore des réservations. Pour analyser cela via les données, il faut regarder vers l’avenir, puisque les données historiques ne s’appliquent plus vraiment. J’ai écrit un billet de blog à ce sujet que tu as lu, et ça m’a rassuré de voir que tu partageais cette analyse. En tant que non-spécialiste des données, j’essaie d’être modeste car je sais pouvoir me tromper. Dis-moi si je me trompe mais, à mon sens, aucun outil de tarification dynamique ne fonctionne plus aujourd’hui.
Thibault :
Pour ceux qui ne savent pas, ces outils permettent d’automatiser la gestion des tarifs ou d’apporter des recommandations, en fonction notamment de la présence d’événements (comme le Mobile World Congress à Barcelone chaque année). Mais ces outils ne servent plus à rien si l’événement est annulé ; pourtant certains peuvent encore suggérer des hausses de prix à tort, s’ils se basent seulement sur des données historiques. Qu’il s’agisse d’outils tiers comme Beyond Pricing, PriceLabs, d’AirDNA ou encore des solutions de tarification d’Airbnb (Smart Pricing) ou de Vrbo (Market Maker), tout cela reste largement fondé sur le passé. Du coup, tout cela te semble-t-il toujours pertinent, Sarah ?
Sarah :
Pour être honnête, non : tout le monde disposait d’un outil de tarification, mais pour nous aussi, cela s’est vite révélé ingérable. Comme tu le disais, nos modèles se basaient surtout sur les données passées, même si on prenait en compte aussi les réservations futures. Mais là, rien ne tenait plus : c’est général, d’ailleurs Airbnb et ses outils de tarification intelligente ou le Market Maker de Vrbo ont pratiquement désactivé ces fonctionnalités sur de nombreux marchés, faute de données fiables. Nous avons donc échangé avec nos clients pour leur demander ce qui leur serait utile, car la tarification basée sur le passé ne suffit plus. Il faut connaître le futur, voir à quelle vitesse ça repart, et comparer avec le passé pour anticiper le retour à la normale – quand les courbes vont-elles se recroiser ? C’est pourquoi nous avons lancé une nouvelle section « pacing » (“rythme”) dans notre tableau de bord en ligne. Si cela t’intéresse, je peux te montrer cela en direct.
Thibault :
Oui, justement, allons-y. Commençons déjà par une définition du pacing, car c’est un terme venu du revenue management hôtelier qui n’est pas toujours utilisé chez les loueurs. D’ailleurs, j’aime bien sur certains outils qui proposent de petites définitions, c’est utile. Passons à la présentation : et à la fin, ce sera sûrement plus clair par les graphiques.
Sarah :
Oui, tout à fait. Je me mets en partage d’écran, tu vas voir, c’est bien plus simple qu’il n’y paraît. Le pacing, ce n’est pas un gros mot : il s’agit simplement de comparer la situation réelle à celle de la même période l’an dernier. Est-ce que l’écran s’affiche bien chez toi ? Parfait, super. On va donc regarder Barcelone : la future demand analysis est un graphique que l’on propose depuis un moment et, par-dessus, nous avons développé des courbes supplémentaires pour les clients gestionnaires de biens. Ce que nous suivons toujours, c’est le nombre d’annonces disponibles vs réservées jour par jour sur les six prochains mois, ainsi que le tarif médian réservé. C’est donc une analyse purement prospective. N’importe quel jour, vous pouvez voir le taux d’occupation du marché. Vous avez aussi, comme plus haut, ce nombre d’annonces disponibles sur les 30 prochains jours (la moyenne quotidienne).
Thibault :
Et ce centre de données couvre de nombreux marchés : là on regarde Barcelone, mais j’ai vu que tu as aussi les données pour la vallée dont on parlait et tous les autres marchés où vous collectez les données, dans le monde entier ?
Sarah :
Oui, nous collectons les données sur chaque annonce Airbnb et VRBO dans le monde entier. Vous pouvez aller sur notre site, taper le nom d’une ville ou d’une région, nous proposons un accès par ville, parfois par quartier ou par code postal. Si ce n’est pas proposé, écrivez-nous ou utilisez le chat : il se peut qu’on ait la donnée sous un autre libellé ou qu’on puisse ajouter votre zone. Si l’outil n’existe pas encore pour votre secteur, nous pouvons le développer. Toutes les données sont donc là. Ce qui est intéressant, c’est qu’à la base on savait ce qui est réservé dans le futur, mais il fallait comparer au passé équivalent.
Sarah :
C’est là qu’interviennent les deux graphiques suivants que je vais vous montrer. Bien sûr, vous avez le suivi par curseur pour cibler les dates, et l’une des choses notables (comme tu le soulignais à propos de la vallée plus tôt à TiBo), c’est que le tarif médian réservé (50e percentile) est désormais supérieur au tarif médian disponible pour presque tous les mois à venir. Cela s’explique selon nous par une réduction de l’offre. Si l’on revient au départ, il y a 369 annonces ouvertes à la réservation. Mais à la même époque l’an dernier, il y en avait 654 – c’est quasiment moitié moins d’offres. C’est l’un des facteurs clés. Ensuite, la notion de pacing intervient lorsqu’on compare le tarif médian réservé cette année à celui de l’an passé. Je vais retirer la courbe du tarif disponible et afficher celle du tarif réservé médian sur une période plus longue pour mieux visualiser. [inaudible]
Sarah :
Voilà. Nous cherchons vraiment la convergence évoquée plus tôt : la ligne verte claire représente le prix réservé l’année précédente, la ligne verte foncée celui de cette année. L’enjeu, c’est de surveiller les moments où ces courbes se rapprochent, car cela signale la reprise. Si on regarde de plus près, ça commence à converger vers mai, et sur Bali (cf. ce matin), le tarif réservé actuel est au-dessus de celui de l’an passé après mai, ce qui témoigne d’une reprise rapide. Cela donne de vrais indicateurs aux gestionnaires, non seulement pour anticiper le retour à la normale, mais aussi pour se préparer et ne pas rester à la traîne le moment venu.
Sarah :
En bas, tout le monde se demande aussi : c’est bien beau les tarifs réservés, mais quand ont-elles été faites, ces réservations ? Pour répondre, nous montrons sur chaque jour la part des réservations réalisées lors des 60, 30 ou 7 derniers jours. Bien sûr, la tranche des 7 derniers jours sera la plus basse, c’est normal. Mais cela constitue un point de repère. Par exemple, sur le Barrio Gotic à Barcelone, le délai de réservation moyen est de 77 jours historiquement, avec 10 % des réservations réalisées dans la semaine précédant le séjour. Cela reste valable aujourd’hui, même pour l’avenir : la majorité des réservations ne se font pas à la dernière minute, mais bien en amont. Le vrai indicateur à surveiller sera donc l’évolution des réservations dans les 7 derniers jours, mais aussi lorsque le volume de réservations faites lors des 30 et 60 derniers jours croît et converge avec le tarif médian réservé actuel et celui de l’an passé.
Thibault :
Petite question sur cette tendance : si on regarde les réservations d’avril (avant mai), on observe une chute importante aussi bien dans la courbe générale que dans celle des 60 ou 30 derniers jours – une falaise, presque. Est-ce que cela signifie qu’il y a 30 ou 60 jours, déjà, les gens ont cessé de réserver pour le mois de mai ? Est-ce la bonne lecture ?
Sarah :
Oui, c’est un point intéressant, mais il faudra sans doute analyser cela sur les deux prochaines semaines pour obtenir un vrai tableau. Ici, on parle de Barcelone, où l’état d’urgence a été décrété il y a presque exactement 30 jours. Si on refait le point d’ici une ou deux semaines, l’évolution des réservations « dans les 30 derniers jours » reflètera mieux l’après-COVID. C’est ce que nous essayons de suivre : quand ont eu lieu les réservations réellement.
Sarah :
Ce qui est intéressant, c’est que les cumuls s’imbriquent : les réservations faites sur 60 jours incluent celles des 30 derniers jours. Donc, par exemple, sur les 76 réservations effectuées lors des 60 derniers jours, 71 l’ont été lors des 30 derniers jours. Il y a donc une part encore importante de réservations récentes, essentiellement liées au tourisme de quarantaine ou aux besoins d’hébergement de soignants ou télétravailleurs. L’indicateur à surveiller sera vraiment les réservations faites sur les 7 derniers jours. Par ailleurs, Airbnb et VRBO enregistrent en général des délais de réservation plus courts que d’autres plateformes, surtout pour les destinations urbaines comme Barcelone, alors que les zones balnéaires ou montagneuses voient des délais plus longs.
Thibault :
Dernière question sur les graphiques : que se passe-t-il avec les réservations passées hors plateforme (téléphone, sur place, etc.) – comme quand un gestionnaire “récupère” un soignant à l’hôpital : ces réservations apparaissent-elles chez AirDNA ?
Sarah :
Oui, complètement. C’est même l’une des principales raisons pour lesquelles on a contacté les gestionnaires locaux de Barcelone et des Hamptons lors des pics dans nos données. Nous collectons les données de toutes les propriétés listées sur Airbnb ou VRBO dans le monde, et nous analysons la performance globale de chaque bien, peu importe où a lieu la réservation. Les signaux d’une réservation nous parviennent quoiqu’il arrive.
Sarah :
Les gestionnaires de biens de taille moyenne ou plus utilisent un channel manager automatiquement connecté, donc même les réservations hors ligne ou sur leur site propre sont prises en compte. Et pour les petits, ils bloquent leur calendrier pour éviter la double réservation : on détecte donc l’indisponibilité. D’où notre campagne de vérification auprès des gestionnaires pour confirmer que notre algorithme n’était pas déréglé, mais que les réservations réelles étaient bien là.
Thibault :
Merci pour le partage d’écran ! Donc, en conclusion de ces graphiques, tu recommandes de regarder la convergence des deux courbes : quand les tarifs réservés actuels retrouvent les niveaux de l’année précédente, ce qui signale une reprise. Et aussi de surveiller la rubrique “réservations dans les 7 derniers jours”: par exemple, pour septembre et les week-ends avec des fêtes comme Labor Day ou Memorial Day aux États-Unis, il y a toujours des réservations faites. Ce type d’outil permet donc à un gestionnaire de voir si certains week-ends se réservent encore, même si on a baissé ses prix, et de réagir en conséquence.
Sarah :
Oui, exactement. Pour ceux qui le souhaitent, nous proposons aussi une page dédiée sur notre site – les statistiques par pays sont accessibles gratuitement. Il suffit de cliquer sur le gros bouton COVID-19 sur la page d’accueil pour consulter les tableaux interactifs Tableau. Chacun peut visualiser l’évolution dans son pays et sa région, pour mieux comprendre l’effet du COVID sur le secteur, en cette période si particulière.
Thibault :
C’est génial. Tu m’as parlé d’abonnement pour accéder aux données par marché local, mais ici, même gratuitement, chacun peut voir les tendances pour son pays. Pas seulement le niveau mondial, mais localisé.
Sarah :
Oui, tout à fait. Tu choisis n’importe quel pays, les données s’affichent pour celui-ci. Je viens de le faire à l’instant – ça prend un peu de temps à charger, mais ça fonctionne.
Thibault :
Merci beaucoup pour ton temps aujourd’hui. C’était vraiment très utile, car le but de cet appel est d’aider les gestionnaires à reprendre le contrôle grâce à la donnée et à comprendre ce qui se passe. Ces graphiques donnent une vraie lisibilité sur les réservations en temps réel, y compris pour septembre, et permettent d’anticiper quand la situation reviendra à la normale. Dernière question pour toi : si quelqu’un veut accéder aux données détaillées, on a dit que les données nationales sont gratuites, mais pour leur propre marché local, comment faire ?
Sarah :
Oui, il suffit d’aller sur le site. Il y a une barre de recherche en haut où taper sa ville ou région. Si votre secteur n’y figure pas, contactez-nous via le tchat en bas de page. Et si vous avez besoin de données pour plusieurs villes, nous pouvons vous proposer des offres sur-mesure. Nous encourageons vraiment chacun à plonger dans les données, que ce soit gratuitement sur le site (niveau pays) ou avec une offre spécifique pour votre marché. Le plus important est de rester informé. L’industrie en sortira et ceux qui se seront préparés pendant la crise seront ceux qui tireront leur épingle du jeu, peut-être avec un peu moins de concurrence.
Thibault :
Oui, bon point. Car, ce qui est intéressant, c’est qu’on parle de niveaux tarifaires, mais tu évoquais aussi l’offre. On constate une diminution de l’offre, qui est un paramètre fondamental : des gestionnaires pourraient malheureusement cesser leur activité, ou des biens pourraient basculer en location longue durée. À voir comment cela va évoluer. Merci encore pour ton énergie et la clarté avec laquelle tu expliques sur quoi il faut se focaliser aujourd’hui.
Sarah :
Avec plaisir, merci beaucoup Thibault.
Thibault Masson est un expert reconnu en gestion des revenus et en stratégies de tarification dynamique dans le secteur de la location saisonnière. En tant que responsable du marketing produit chez PriceLabs et fondateur de Rental Scale-Up, Thibault aide les hôtes et les gestionnaires immobiliers grâce à des analyses concrètes et des solutions basées sur les données. Fort de plus de dix ans d’expérience dans la gestion de villas de luxe à Bali et à Saint-Barthélemy, il est un conférencier recherché et un créateur de contenu prolifique, capable de rendre simples des sujets complexes pour un public international.

