Cet article fait partie de notre série de conférences Rental Scale-Up sur la gestion des locations de vacances. Il s’agit d’un extrait de notre conférence de mai 2020 : « Comment les gestionnaires de villas et de locations saisonnières naviguent dans la crise du COVID-19 en Asie du Sud-Est et en Océanie ».
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Anurag Verma de PriceLabs
Anurag Verma a cofondé PriceLabs en 2014 afin d’apporter l’automatisation de la gestion des revenus, courante dans le secteur aérien et hôtelier, à l’industrie de la location de vacances et de courte durée. Il a passé six ans à concevoir et améliorer des algorithmes et systèmes de gestion des revenus chez United Airlines à Chicago, en travaillant en étroite collaboration avec les responsables des revenus et les data scientists de l’entreprise. Il est titulaire d’un doctorat en Recherche Opérationnelle et adore tout ce qui touche aux chiffres.
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Vidéo de la conférence 2020 en Asie du Sud-Est et Océanie
- Anurag, un des cofondateurs de la société PriceLabs spécialisée dans les données sur la location de courte durée, présente des données sur les marchés sud-asiatiques afin d’illustrer ce qui se passe dans la région et de donner aux gestionnaires d’hébergements des idées sur les indicateurs à surveiller et les sources de données à considérer.
- PriceLabs est basée à Chicago, mais collecte des données sur des propriétés du monde entier.
- Anurag et son ami Richie ont lancé la société il y a cinq ans, alors que Richie mettait son logement en location sur Airbnb et qu’Anurag travaillait dans le département de tarification de United Airlines.
- En temps normal, les sociétés de location à court terme utilisent PriceLabs pour obtenir des recommandations tarifaires basées sur la demande locale (quand augmenter ou baisser les prix), pour automatiser le processus tarifaire et pour trouver des tendances et données de marché.
- Anurag a présenté des données pour l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Thaïlande. Ces données proviennent de deux sources : les biens utilisant PriceLabs et ceux utilisant les OTAs (tous n’utilisent pas PriceLabs, ces données viennent des plateformes OTAs).
- Il y a eu moins de réservations, mais davantage de nuits réservées en mars en Australie et Nouvelle-Zélande, ce qui signifie que chaque réservation était en moyenne plus longue. En avril, forte chute des réservations, et mai devrait connaître plus de réservations qu’avril, mais toujours moins qu’en mars. Avril et mai ont beaucoup moins de nuits réservées que mars.
- Un autre indicateur observé par PriceLabs est le « lead time » (délai de réservation). Cet indicateur représente le nombre de jours entre la date de réservation et la date d’arrivée.
- Les réservations de dernière minute, avec un lead time plus faible, sont généralement remisées car les gestionnaires préfèrent louer la chambre plutôt que de la laisser vide.
- PriceLabs observe également la durée de séjour, c’est-à-dire le nombre de nuits d’une réservation (ou la durée moyenne par réservation sur un marché).
- Les séjours plus longs sont souvent remisés grâce à des promotions type « 4e nuit offerte » ou via des remises hebdomadaires/mensuelles.
- PriceLabs utilise généralement la durée moyenne des séjours et le lead time médian.
- La demande pour les réservations de moyenne durée est plus forte en Asie/Océanie que dans d’autres marchés.
- La durée moyenne de séjour en Australie, NZ et Thaïlande a grimpé en flèche en mars, avril et mai.
- La durée moyenne était de 4 ou 5 nuits en janvier/février, mais a grimpé en avril à 11 en Australie, 14 en NZ et 16 en Thaïlande, puis a légèrement baissé en mai.
- Le lead time dans ces trois marchés a nettement baissé en mars, probablement à cause de changements de dernière minute dus aux restrictions de voyage.
- En Thaïlande en mars, la moitié des réservations ont été faites le jour même.
- Les gestionnaires peuvent adapter leur stratégie pour maximiser les opportunités liées aux tendances du lead time et de la durée de séjour dans leur marché.
- En jetant un œil au marché de Phuket, les données PriceLabs montrent très peu de réservations futures, ce qui s’explique car environ 60 % des voyageurs de Phuket sont internationaux.
- Certaines personnes réservent pour les vacances d’hiver ou début 2021, et une poignée font des réservations de dernière minute pour Phuket.
- La tendance des réservations futures à Sydney est un peu différente de Phuket car il y a plus de tourisme national et de voyages professionnels. Le marché y est aussi moins saisonnier. La majorité des réservations est de dernière minute.
- La tendance des prix à Sydney montre quelques remises de dernière minute, mais globalement, les prix reflètent des tarifs plus bas en semaine et plus élevés le week-end.
- Ohakune (NZ), un marché ski local très prisé, est extrêmement variable – les week-ends et vacances affichent des taux de remplissage nettement supérieurs à la semaine, et de nombreuses nouvelles réservations arrivent. Les prix sont nettement plus élevés pendant la haute saison.
- PriceLabs a créé un graphique montrant la reprise par pays, et les pays avec plus de tourisme domestique semblent se rétablir plus vite.
- L’Australie, les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les pays nordiques sont quelques exemples de pays qui semblent mieux récupérer.
- Les nouveaux utilisateurs PriceLabs, comme les existants, ont accès à cinq tableaux de bord gratuits pour analyser les marchés : réservations futures, lead time, durée moyenne de séjour, etc.
- En consultant ces données, utilisez toujours votre bon sens car tous les jeux de données sont différents. Vous pourrez voir des éléments inattendus, il faut donc bien réfléchir à la pertinence de la tendance pour vous.
Conférence sur la gestion des locations de vacances : Conversation intégrale entre Anurag Verma et Thibault Masson
Thibault :
Chers membres de Rental Scale-Up, merci de nous retrouver pour cette nouvelle session. Je vais vous présenter Anurag de PriceLabs, qui se joint à nous depuis Chicago. Aujourd’hui, nous allons parler de données pour les marchés d’Asie du Sud-Est et d’Océanie, des informations peu partagées habituellement. Je remercie donc PriceLabs d’avoir rassemblé ces données et de nous les présenter aujourd’hui. Nous allons explorer ensemble différents indicateurs à surveiller selon les marchés. Nous ne verrons que quelques exemples, mais PriceLabs dispose bien sûr de beaucoup plus de données sur d’autres marchés que vous pourriez utiliser. Inspirez-vous des exemples et indicateurs évoqués, cela peut vous donner des idées d’analyses à faire sur vos propres données. Sans plus tarder, merci beaucoup d’être avec nous, Anurag.
Anurag :
Merci beaucoup Thibault de m’avoir invité. Je suis ravi de participer et de partager toutes les données que nous avons. Comme tu l’as dit, il ne s’agit pas seulement de nos données, mais aussi de permettre à chacun de regarder ses propres chiffres et d’identifier ce qui pourrait être utile à son activité.
Thibault :
Petite introduction : on entend souvent parler de digital nomads, je t’ai croisé plusieurs fois dans le monde et cette fois-ci, nous nous appelons chacun de chez nous. C’est assez drôle de parler de voyage alors qu’on est tous confinés, mais ça fait plaisir de te voir en direct.
Anurag :
Oui, tout à fait ! Je pense que tu es un digital nomad, mais moi non, je suis presque toujours à Chicago. Je me rends parfois là où tu es, et c’est là qu’on se rencontre !
Thibault :
Chris aussi, je voulais que tu partages qui tu es et ce que fait PriceLabs, car c’est une société implantée à Chicago mais qui collecte des données du monde entier. C’est très impressionnant. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours et sur PriceLabs ?
Anurag :
Bien sûr. PriceLabs est un service de tarification dynamique et de gestion des revenus. On a démarré il y a cinq ans à Chicago, qui a été notre premier marché. Un de mes co-fondateurs, Richie, fait d’ailleurs partie de ton réseau alumni à la Northwestern University. À l’époque, il louait son logement sur Airbnb. Moi, je travaillais alors chez United Airlines sur le développement de solutions de tarification et gestion des revenus pour le secteur aérien. En discutant ensemble, on s’est demandé pourquoi il n’y avait rien de similaire pour la location courte durée. À cette époque, on connaissait peu le secteur, mais cinq ans après, c’est incroyable de voir le chemin parcouru et tout ce qui reste encore à faire. Aujourd’hui, on compte des clients dans 98 pays !
Anurag :
Pourquoi les sociétés viennent-elles chez PriceLabs ? Que recherchent-elles ? Deux principales raisons. Premièrement, dans la location de vacances comme dans tout secteur du voyage, il y a de nombreux événements (fêtes, concerts, etc.) qui dynamisent la demande – parfois on les connaît, parfois non. Notre algorithme analyse les données mondiales et repère automatiquement les pics de réservations pour recommander de monter les prix. Inversement, s’il reste du stock en dernière minute, on conseille de baisser les tarifs.
Anurag :
On peut aussi réduire la durée minimum de séjour pour attirer la clientèle de dernière minute. Tous ces paramètres restent sous le contrôle des gestionnaires : ils peuvent fixer des limites pour éviter de descendre sous un certain prix ou de trop réduire la durée minimale. L’objectif premier est d’automatiser l’intelligence tarifaire : quand monter ou baisser les prix. Beaucoup de gestionnaires savent déjà le faire – certains ont 100, 500 logements et suivent tout cela manuellement, mais mettre en œuvre une stratégie tarifaire prend beaucoup de temps, parfois six heures par jour pour actualiser les prix sur chaque bien.
Anurag :
Nous simplifions grandement ce processus. Il y a donc deux raisons d’utiliser PriceLabs : gagner du temps en évitant les opérations manuelles grâce aux règles automatiques basées sur la demande et la période, et profiter de nos données mondiales pour obtenir des informations qu’on n’aurait pas autrement. Par exemple, s’il y a un événement et que tout le marché se réserve vite, PriceLabs montera vos prix automatiquement pour éviter que vous ne vendiez trop bas.
Thibault :
Super. Merci pour ces explications claires ! Nous pouvons maintenant examiner la présentation que tu nous as préparée sur différents marchés d’Asie-Pacifique. Grâce à ces temps particuliers, vous avez pu innover ou revisiter certains indicateurs – montre-nous comment !
Anurag :
Absolument. Effectivement, cette période nous a obligés à regarder certains aspects qu’on négligeait car le marché était plus stable auparavant — mais aujourd’hui, il y a beaucoup de nouveaux phénomènes à observer ! Nous avons ici une plongée dans trois marchés : Australie, Nouvelle-Zélande et Thaïlande, avec des données provenant de deux sources. Je vais décrire chaque graphique en détail. Les deux sources principales sont : les biens utilisant PriceLabs dans ces pays, et les données que nous collectons depuis les OTAs (qui couvrent quasiment tous les logements d’un marché donné, sauf ceux non présents sur OTA).
Anurag :
Donc pour la première partie, nous allons voir les données de réservations extraites des systèmes de gestion des biens utilisant PriceLabs. La seconde partie provient des OTAs, donc couvre tous les logements listés sur ces plateformes. Attention, certains biens échappent à l’analyse s’ils ne sont pas présents sur OTA.
Anurag :
Donc pour la première partie : sur chaque diapositive, vous pouvez voir quelles données sont utilisées. Par exemple, sur tel graphique : il s’agit des réservations issues des propriétés utilisant PriceLabs. Trois groupes de pays : d’abord l’Australie, puis la Nouvelle-Zélande, et enfin la Thaïlande. Les couleurs plus claires représentent les périodes plus anciennes : janvier 2020 (toutes les réservations faites ce mois-là), puis février, mars, avril et mai — mai étant encore en cours.
Anurag :
Ainsi, sur le premier graphique (nombre de réservations effectuées) : l’Australie est restée stable les deux premiers mois puis a enregistré une baisse. Mai n’est pas terminé (données arrêtées au 20 mai), mais semble déjà en hausse par rapport à avril. En Nouvelle-Zélande, la baisse est très marquée, mais il y a un rebond. En Thaïlande, forte chute, et difficile de savoir si cela va remonter d’ici fin mai.
Anurag :
Le second graphique est plus important. Il ne s’intéresse pas au nombre de réservations, car une réservation de 2 nuits ou de 20 nuits ne pèse pas pareil. On s’intéresse ici au nombre de nuits réservées chaque mois. Surprise : en Australie et Nouvelle-Zélande, en mars, le nombre de nuits réservées a augmenté alors que le nombre de réservations baissait. Analyse approfondie à venir, mais déjà, cela montre des comportements différents. En Thaïlande, la baisse reste forte, mais le nombre de jours réservés chute moins que les réservations. Premier constat : tout le monde sait que l’occupation générale est bien plus faible, mais il y a des résultats intéressants à analyser d’un point de vue commercial et tarifaire.
Anurag :
Deux indicateurs principaux très importants pour la gestion des revenus/tarification :
Le premier : le lead time (délai entre réservation et arrivée). Exemple : quelqu’un réserve le 15 mai pour le 20 mai, lead time de 5 jours ; ou réservation le 15 mai pour le 3 juillet, lead time de 49 jours. Chaque nuitée peut être vue comme un produit périssable : si elle n’est pas vendue, elle est perdue. Plus la date approche et la nuit n’est pas louée, plus elle est considérée comme invendue ou « distressed inventory » — d’où la tendance à appliquer des remises en dernière minute.
Anurag :
Cela se voit aussi dans les outils de remise proposés par les OTAs ou systèmes de gestion. Deuxième indicateur clé : la durée de séjour. Par exemple, du 20 au 22 mai, durée = 2 nuits, etc. Autre comportement constaté dans l’industrie : les séjours longs sont souvent remisés via des promos hebdomadaires ou mensuelles. Pourquoi ? D’abord, on offre une remise à quelqu’un qui réserve en volume, car on réduit le risque de vacance. Parfois, c’est purement logistique : un séjour de 30 nuits nécessite moins de nettoyage qu’un séjour de 6 x 5 nuits, donc une remise se justifie. Enfin, en ce moment où le tourisme classique recule et où des séjours « essentiels » ont lieu (travailleurs, personnes bloquées, etc.), c’est une façon d’attirer de l’occupation.
Anurag :
La combinaison de ces deux indicateurs montre qu’en mars, malgré une hausse du taux d’occupation en Australie et Nouvelle-Zélande, avec un lead time court et des séjours plus longs, le revenu n’a pas retrouvé son niveau – l’occupation était maintenue via des séjours plus longs, mais à des revenus moindres.
Thibault :
Merci pour la définition de ces deux métriques. Je suis donc très curieux de voir ce que cela donne dans les marchés que tu viens d’évoquer.
Anurag :
Oui. Petite précision : pour chaque indicateur, on peut utiliser différentes mesures statistiques. Pour le lead time, on regarde souvent la médiane (le 50e centile, c’est-à-dire quand 50 % des réservations se font à moins de x jours). Cela évite les distorsions dues à quelques réservations très anticipées. Pour la durée de séjour, on regarde la moyenne, qui facilite le calcul de l’occupation (nombre de réservations x durée moyenne = nombre total de nuits réservées).
Anurag :
C’est la grande surprise des données récentes — on l’a aussi vue en Europe et aux États-Unis, mais elle est encore plus marquée en Océanie et Asie du Sud-Est. Sur le graphique : données issues des réservations via PriceLabs, par mois (janvier à mai) et par pays. La durée moyenne des séjours était de 5 nuits en Australie, 4 en Nouvelle-Zélande, 5 en Thaïlande en janvier/février. À partir de mars, hausse notable : 7 nuits en Australie (+40 %), 2 semaines en Nouvelle-Zélande, +20 % en Thaïlande. En avril, explosion des séjours longs — les réservations baissaient, mais la durée plus longue permettait de maintenir quelques nuits réservées.
Anurag :
En mai, cette durée commence à revenir à la normale. Difficile de savoir combien de temps cela va durer, mais l’hypothèse est que ceux qui réservaient en avril étaient uniquement ceux qui n’avaient pas d’autre choix, souvent pour un séjour immédiat.
Anurag :
L’autre métrique importante est le lead time. Avant : en moyenne, 50 % des réservations étaient faites au moins 15 jours à l’avance. En avril, cette médiane est tombée à 3 jours en Australie (plus de la moitié étaient pour les 3 jours suivants), 1 jour seulement en Thaïlande ! On peut en déduire que personne ne prévoyait ses vacances, seuls ceux ayant un besoin urgent (quarantaine, obligation professionnelle, etc.) réservaient à la dernière minute et pour des séjours plus longs.
Thibault :
Cette tendance rejoint ce qu’on a vu ou entendu en Australie : les gens réservent d’un jour à l’autre pour des longs séjours. Difficile de le voir sur les données brutes, mais vous le confirmez. Si vous êtes gestionnaire, vous avez sûrement constaté ces tendances de vos propres yeux !
Anurag :
Exactement. J’ai récemment échangé avec une personne en Australie qui disait qu’en mars et avril, beaucoup de réservations venaient de personnes revenant au pays et ayant besoin d’un logement pour la quarantaine obligatoire. Pas de planification : on réserve dès l’atterrissage ou juste avant, pour un séjour long. Les raisons varient selon les marchés, mais le constat est là — ce sont les tendances à surveiller pour adapter sa stratégie. Si je vois +10% de séjours longs et ma propriété est vide, comment puis-je encore plus inciter à réserver longtemps ?
Anurag :
Ok, passons à la suite. La première partie traitait des données de réservations via PriceLabs. La deuxième porte sur l’ensemble du marché, via les données scannées sur OTA. On analyse les annonces disponibles, les dates ouvertes ou bloquées (pour estimer où il y a eu réservation), et on retire les périodes d’interdiction administrative de location, etc. Ce sont donc des estimations, mais pertinentes comme indicateurs de tendance.
Premier marché analysé : Phuket. La Thaïlande dépend à plus de 60% du tourisme international (Chine, Asie du Sud-Est, Europe, Amérique du Nord). Avec les arrivées aériennes quasiment à l’arrêt, le taux d’occupation est aujourd’hui très faible (8%). Logiquement, plus la date d’arrivée est proche, plus l’occupation augmente, mais aujourd’hui, même pour la haute saison (décembre-janvier), le taux reste au niveau actuel. 90 % du stock risque de rester invendu si la situation ne s’améliore pas. Il reste du temps d’ici là, ce n’est qu’une photographie actuelle, pas une prévision.
Anurag :
Certaines réservations à venir ont pu être faites avant février, car les voyageurs internationaux anticipent beaucoup plus. Mais avec les annulations, rien ne garantit qu’elles seront maintenues — notre espoir est que la courbe des nouvelles réservations (ligne verte) finisse par dépasser celle des annulations (ligne rouge). Prochaine diapo : les prix pratiqués. On observe que le pic de la haute saison est toujours là, certains font des remises de dernière minute mais c’est moins marqué qu’ailleurs.
Anurag :
La ligne verte représente le 75e centile (biens haut de gamme), la ligne du milieu la médiane et la rouge le 25e centile (biens entrée de gamme). Tous appliquent quelques remises de dernière minute, mais moins que dans d’autres marchés que nous allons analyser.
Anurag :
Deuxième marché : Sydney, Australie. Pays plus vaste : 76% des revenus du secteur viennent du tourisme domestique, donc beaucoup moins dépendant de l’international. Autre particularité de Sydney : forte part de voyages non-loisirs (pro, travail, etc.). Normalement, ville moins saisonnière (sauf à Noël/Nouvel An). Les grandes villes ont aussi des délais de réservation plus courts, donc beaucoup de réservations de dernière minute, avec un taux d’occupation atteignant presque 30% (contre habituellement bien plus élevé).
Thibault :
Ce qui est impressionnant, car, au moment de l’enregistrement des données, les déplacements inter-états en Australie étaient encore interdits. Cela veut dire que même sans touristes d’autres États, Sydney s’en sort mieux que Phuket.
Anurag :
Oui, une précision : ces graphiques OTA sont issus de nos rapports de marché. On paramètre une adresse et un rayon, donc là il ne s’agit pas de tout Sydney, mais d’un millier de logements autour d’une adresse donnée. Mais la tendance demeure la même à l’échelle de la ville. Là où Phuket appliquait des tarifs saisonniers, Sydney se distingue avec de petits écarts saisonniers (tarifs un peu plus élevés en été), mais la majorité des remises sont appliquées en dernière minute. Autre tendance forte : la différence week-end/semaine, les gestionnaires s’adaptent pour maximiser les week-ends où la demande est plus forte, ainsi qu’à Noël et Nouvel An.
Anurag :
Autre point positif : peu d’annulations pour ces dates clés. Troisième marché : Nouvelle-Zélande. J’ai choisi un marché non urbain (Ohakune), car les grandes villes présentent le même profil que Sydney. Ici, marché de ski purement domestique, avec des tarifs beaucoup plus élevés pour l’hiver, des pics marqués d’occupation le week-end et pendant les vacances et de nombreux nouveaux bookings récents. On identifie des événements locaux qui font bondir le taux de remplissage. L’activité est dynamique, probablement parce qu’il s’agit d’un marché interne, où les gens se sentent plus à l’aise de réserver.
Thibault :
Le pic d’octobre pourrait correspondre au Labour Day néo-zélandais, le 26 octobre, ce qui expliquerait la forte demande à cette période.
Anurag :
Oui, c’est probablement ça, et on observe aussi d’autres périodes de forte activité, sûrement des vacances scolaires. Mais ce qui est fascinant, c’est que malgré l’incertitude mondiale, sur ce marché local les gens réservent cinq-six mois à l’avance, ce qui est rare ailleurs. On sent que la confiance des voyageurs domestiques est plus grande ici.
Anurag :
Nous avons également mis en ligne sur notre site un indice par pays, très simple : il combine l’occupation prévue sur 1 mois et le rythme d’arrivée de nouvelles réservations sur la dernière semaine. Cet indice permet de comparer la reprise dans le monde. On observe que l’Australie s’en sort correctement, la Nouvelle-Zélande encore mieux, les États-Unis, l’Allemagne, les Pays-Bas aussi. L’Italie et la majorité du monde sont à la traîne, notamment les destinations dépendant beaucoup de l’international. En Afrique, peu de locations à court terme, seules exceptions comme le Kenya. En Asie du Sud-Est, la Corée et Taïwan semblent bien se porter. D’une manière générale, les pays avec une forte part de tourisme domestique s’en sortent mieux que les autres.
Thibault :
En effet, la Thaïlande, très claire sur la carte, semble moins impactée que le reste de la région.
Anurag :
On peut zoomer sur la carte, le lien est sur la diapo pour celles et ceux qui veulent voir le détail.
Thibault :
Oui, le lien est indiqué ci-dessous pour approfondir.
Anurag :
Voilà, et aussi des statistiques au niveau des États américains. Espérons une évolution positive !
Thibault :
Si je ne me trompe pas, vous venez aussi de lancer un nouveau produit, les dashboards de marché gratuits pour tous les utilisateurs. Ces slides en sont issus, non ?
Anurag :
Oui, ces trois captures d’écran proviennent de ce produit, que nous avons développé en réaction à la crise. Toute personne qui crée un compte PriceLabs accède gratuitement à cinq dashboards jusqu’au 30 juin : définissez une adresse et un rayon, visualisez la zone couverte, modifiez au besoin, et générez le dashboard pour voir la durée moyenne de séjour, le lead time etc., remis à jour quotidiennement. L’idée est d’offrir gratuitement une vue marché pour aider les gestionnaires à ajuster leur stratégie localement selon les tendances observées (beaucoup de réservations ou d’annulations à venir, remises appliquées, etc.). On peut aussi filtrer par nombre de logements, nombre de chambres, etc.
Thibault :
Donc il suffit de créer un compte, même gratuit, sur votre site ?
Anurag :
Exact. Pas besoin d’entrer de paiement, il suffit de s’inscrire et d’accéder aux outils gratuits.
Thibault :
Une façon de soutenir le secteur, de mettre en avant votre produit, mais c’est surtout une belle initiative. Merci !
Anurag :
Oui, nous avions déjà certaines de ces informations dans notre outil de tarification dynamique, mais il était logique de les rendre accessibles à ceux qui ne souhaitent pas l’utiliser et veulent seulement consulter les tendances marché gratuitement, vu la situation actuelle.
Thibault :
Anurag, on va conclure : merci infiniment à PriceLabs, ton équipe et toi, pour le temps passé à compiler ces données. Comme je le disais au début, on a rarement accès à des chiffres sur l’Asie du Sud-Est et même moi je découvre des tendances inattendues. C’est très utile d’avoir vos dashboards pour analyser finement ses propres marchés, car rien ne remplace votre propre connaissance terrain !
Anurag :
Exactement. C’est essentiel, car chaque jeu de données a ses limites — par exemple, les premières analyses portaient sur les utilisateurs PriceLabs, qui ne sont pas forcément représentatifs de tout le marché : ils utilisent le pricing dynamique, des channel managers, etc. En analysant vos propres chiffres, vous constaterez peut-être d’autres tendances, car chaque portefeuille est unique ! Même chose dans les rapports générés : il y aura des données qui confirmeront ce que vous saviez déjà, d’autres qui vous surprendront. Cela mérite réflexion : est-ce vraiment ce qui se passe ou une anomalie liée à la manière dont la donnée est collectée ? Bref, il faut toujours croiser ces tendances avec votre jugement critique : est-ce pertinent pour vous ? Pas besoin d’une précision absolue, c’est la tendance qui compte pour ajuster sa stratégie.
Thibault :
Merci ! Nous mettrons tous les liens utiles en description. Nous avons d’ailleurs relayé beaucoup de mises à jour PriceLabs sur le coronavirus ces derniers mois. Si quelqu’un veut te contacter, quel est le meilleur moyen ?
Anurag :
Mon email personnel est [email protected] (pas .com). Mais pour une réponse plus rapide, mieux vaut écrire à notre support : [email protected] — toute l’équipe (implantée en Inde, au Canada, aux États-Unis) y répond, donc c’est surveillé en continu. Sur notre site pricelabs.co vous trouverez aussi toutes nos ressources et outils !
Thibault :
Encore une fois, merci Anurag pour ton temps – passe une excellente journée à Chicago !
Anurag :
Merci beaucoup Thibault de m’avoir invité ! Ravi d’avoir pu partager ces analyses sur l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Asie du Sud-Est, trop peu couvertes jusqu’ici. Merci pour cette opportunité !
Thibault Masson est un expert reconnu en gestion des revenus et en stratégies de tarification dynamique dans le secteur de la location saisonnière. En tant que responsable du marketing produit chez PriceLabs et fondateur de Rental Scale-Up, Thibault aide les hôtes et les gestionnaires immobiliers grâce à des analyses concrètes et des solutions basées sur les données. Fort de plus de dix ans d’expérience dans la gestion de villas de luxe à Bali et à Saint-Barthélemy, il est un conférencier recherché et un créateur de contenu prolifique, capable de rendre simples des sujets complexes pour un public international.

