Tendances européennes de la location courte durée en 2022, avec AirDNA

Chaque mois, je participe à un appel en direct avec les membres du Scalers Network afin d’aborder les tendances récentes du marché européen de la location courte durée et les aider à mieux planifier les mois à venir. Les membres du réseau ont la possibilité d’assister en direct, de poser leurs propres questions et de prendre des décisions commerciales basées sur les données pour améliorer leur taux d’occupation et leur rentabilité globale. Vous trouverez plus d’informations sur ce que comprend l’adhésion, ou pouvez postuler pour devenir membre ici.

Ce mois-ci, nous avons été rejoints par Jamie Lane, Vice-président de la recherche chez AirDNA, pour décortiquer les données du marché européen de décembre 2021. Grâce aux données, Jamie a mis en lumière des tendances de réservation fascinantes pour décembre 2021 et partagé ses prévisions pour 2022 en s’appuyant sur les données passées.

Points clés :

  • La demande en dehors des villes continue de croître de façon spectaculaire, stimulant la croissance immobilière dans de nouveaux marchés, comme la Bretagne, France
  • Décembre en baisse par rapport à novembre à cause d’Omicron, mais des revenus équivalents à 2019
  • Les passeports vaccinaux facilitent la reprise de la demande transfrontalière
  • Les pays disposant d’une forte offre de locations courte durée connaissent une croissance de la demande, par ex. France, Allemagne et Russie
  • Au Danemark, en Suisse, en Grèce, en Autriche, au Royaume-Uni et en Allemagne, la demande estivale accélère
  • Les marchés en difficulté comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce, la Croatie reprennent de l’élan

Thibault Masson :

Rental Scale-Up recommends Pricelabs for Short Term Rental Dynamic Pricing

Chers membres de Rental Scale-Up et du Scalers Network. Aujourd’hui, je suis avec Jamie Lane. Nous allons discuter des tendances de l’Union Européenne dans l’industrie de la location courte durée. Nous allons analyser les données d’AirDNA, commenter les tendances observées et évoquer ce qu’il s’est passé en décembre ainsi que le rythme des réservations pour 2022. Sans plus attendre, accueillons Jamie. Jamie, comment vas-tu ?

Jamie Lane :

Très bien, merci de m’accueillir.

Thibault Masson :

Je suis ravi de t’avoir ici, merci d’avoir pris le temps. Nous allons commenter les données collectées par AirDNA pour nous, que vous partagez d’ailleurs chaque mois sur votre blog ainsi qu’avec nous. Pour les personnes qui ne connaissent pas, peux-tu présenter AirDNA et ton rôle ?

Jamie Lane :

Oui, bien sûr. Nous sommes une société d’analyse de données sur la location courte durée. Nous collectons des données sur la performance des locations temporaires à l’échelle mondiale, puis nous les analysons et les diffusons. Nous proposons d’excellents outils aux hôtes pour comprendre le potentiel de revenus des investissements, se comparer sur leur marché, des outils de tarification adaptés aux tendances de la demande actuelle, ainsi que de l’intelligence business générale pour les opérateurs de location courte durée. Je suis le VP Recherche. Je travaille chez AirDNA depuis un peu plus d’un an. J’ai derrière moi une dizaine d’années d’expérience dans l’industrie hôtelière comme économiste.

Thibault Masson :

Merci encore de prendre le temps et d’expliquer le travail d’AirDNA. Nous allons commenter à partir de slides et graphiques, et je crois que tu as participé à leur création. C’est toujours bien d’avoir la personne à la source, car AirDNA est sans doute le nom le plus connu dans ce secteur pour la data. A chaque article dans la presse, les données d’AirDNA sont souvent citées. Donc, je suis vraiment enthousiaste. Jamie, veux-tu nous présenter les slides ?

Forte reprise pour les locations courte durée en Europe en 2021

Jamie Lane :

Absolument. Pour commencer, je veux poser le contexte sur la situation actuelle. Voilà les performances des 4-5 dernières années pour les revenus gagnés par les hôtes de locations courte durée en Europe. Évidemment, la demande et les revenus européens sont très saisonniers. Au T3, nous sommes encore en baisse d’environ 8% par rapport à 2019. Donc pas complètement rétablis question revenus, mais le T4 a été très solide, tant sur la demande que sur les revenus. Pour la première fois, l’Europe a dépassé les niveaux de 2019 avec une augmentation d’environ 19% comparé au T4 2019. Sachant que le T4 est d’habitude une période creuse en Europe, c’est un élan très positif pour débuter 2022. Nous avons dépassé, au moins en termes de revenus, les niveaux de 2019.

Thibault Masson :

C’est fascinant, surtout si on compare rapidement avec la situation aux États-Unis. Pour les États-Unis, si je ne me trompe pas, 2021 a été la meilleure année de l’histoire. Le T3, en particulier, a été le meilleur été jamais vu. Ce n’était pas le cas en Europe. Et pourtant, juste avant Omicron, la situation s’améliorait… Omicron est arrivé en T4, mais juste avant la pandémie, tout revenait presque mieux qu’en 2019. Donc je…

Locations courte durée européennes vs Reprise de la demande globale

Jamie Lane :

Oui. Et c’est ce que montrent les deux prochains slides. Ici, on passe du revenu à la demande. Globalement, la demande de décembre était 10% inférieure à 2019 en Amérique du Nord. Aux États-Unis, elle était en hausse de 12% par rapport à 2019.

La demande européenne tombe sous les niveaux de 2019 en décembre

Mais pour revenir à ton point, on avait vu une très forte reprise. En novembre, toute l’Europe affichait une demande positive par rapport à 2019 et, pour plaisanter, c’était positif dans le bon sens. J’ai été surpris par la rapidité du rebond de l’Europe dans la seconde moitié de l’année. J’ai un slide plus tard qui l’illustre. Mais on a vraiment vu une vague de réservations en octobre, novembre. Nous avons passé la vague Delta. Les choses semblaient normales, les taux de vaccination étaient très élevés, et vraiment un fort comportement de réservation à l’approche des marchés de ski d’hiver, des destinations du sud de l’Europe, une demande très forte.

Thibault Masson :

Encore une fois, le T3 n’a pas été incroyable, mais a tout de même été bon. Nous avons rédigé un article avec vos données du mois précédent, je pense que c’était novembre, où tu montrais qu’en Europe, il ne s’agissait plus seulement de marchés domestiques, mais que les voyages transfrontaliers étaient de retour. Il y a eu un succès autour de l’application du certificat COVID numérique européen. Ils ont réussi à aligner 27 pays pour que les applis nationales fonctionnent et interagissent : cela marchait vraiment. On doit voir ça aussi dans les données. On verra dans le pacing, maintenant que tout est en place, si les gens ayant l’application installée, c’est positif pour Q1 et Q2 de cette année. C’est un teaser, mais effectivement, on a vu les gens recommencer à voyager. C’est très positif.

Jamie Lane :

Oui. Pour donner quelques chiffres, d’habitude en Europe, avant le COVID, environ 65% de la demande était internationale (voyages transfrontaliers), et 35% domestique. Cela a chuté drastiquement en 2020 : seulement 15-20% de voyages internationaux début 2021. Mais en fin d’année, la part est remontée à plus de 50%. Nous avons ainsi pu avoir un très bon T4 et plus de 50% de cette demande était liée à des voyages internationaux, ce qui montre bien que l’application fonctionne et que les frontières s’ouvrent. Les pays se sentent à nouveau confiants pour accueillir des visiteurs étrangers, un point clé pour une reprise durable. Pour l’instant, la reprise est surtout concentrée dans un petit nombre de pays.

Europe décembre 2021 - évolution de la demande par pays vs 2019

Jamie Lane :

Certains de ces pays ont les inventaires les plus importants en location courte durée. La France, l’Allemagne — deux géants qui savent très bien attirer la demande domestique, grâce à leur culture et à une longue tradition de locations saisonnières, avant même le numérique. On a observé en décembre une très forte demande en France, qui a connu une bonne année 2021. Sur plusieurs mois, France a dépassé les niveaux de 2019. L’Allemagne aussi. La Russie a bien progressé, c’est pourtant un petit marché.

Europe décembre 2021 et 2020 - demande indexée à 2019

Jamie Lane :

Puis quelques marchés comme la Suisse, très robuste. Il y a aussi des surprises. L’un de mes graphiques préférés a été réalisé par mon collègue Blake et compile les données précédentes. Ainsi, en bleu foncé, l’index décembre 2021 / décembre 2019, mais il montre aussi où nous étions il y a un an, soit décembre 2020 par rapport à décembre 2019. On voit comment le classement des marchés a changé. Oui, France, Russie, Allemagne, Suisse, sont toujours parmi les meilleurs en termes de reprise, comme l’an passé. Mais certains émergent alors qu’ils étaient très en retard, Espagne, Grèce, Italie, Croatie affichent cette année une bien meilleure santé.

Thibault Masson :

Ici, c’est un niveau d’indice. Donc 100… J’imagine, (j’espère lire correctement) représente le niveau de la demande en décembre 2019. La plupart des pays sont donc en-dessous de ces 100%. Et tu montres qu’il y a un immense saut pour l’Espagne, la Grèce, l’Italie. Ils reviennent presque à ce niveau 100, n’est-ce pas ?

Jamie Lane :

Oui. La différence ici, c’est le taux de croissance d’une année sur l’autre. À quel point ils se sont améliorés en 2021 par rapport à 2020. Mais l’index montre aussi le chemin qui reste avant de retrouver les niveaux de 2019.

Thibault Masson :

C’est aussi intéressant : en Espagne et en Italie, l’offre domestique existe, mais l’offre locative est telle qu’ils ne peuvent pas compenser avec leur marché domestique comme la France, par exemple. Mais la Croatie, je crois que 90% de la demande est normalement internationale. Alors voir la Croatie et le Portugal revenir, c’est une nouvelle preuve que la demande transfrontalière était bien de retour. Slide passionnant car il ne montre pas que les marchés domestiques (France, Russie, Allemagne, etc.) étaient plus solides, mais ceux qui dépendent habituellement du voyage international en Europe aussi.

Jamie Lane :

Oui. Autre point : si on regarde la droite du graphique, la Hongrie et la République tchèque dépendent fortement des voyages internationaux urbains, le cœur de leur demande étant Budapest, Prague — des marchés encore très loin d’une reprise. Tandis que la Croatie, l’Italie, l’Espagne, la Grèce profitent des destinations balnéaires très convoitées. Ce n’est pas le cas des villes.

Thibault Masson :

Ce que tu dis est très intéressant : Pays-Bas, Hongrie, Tchéquie, ce n’est pas seulement une question de demande internationale, mais aussi de grandes villes avec de nouvelles régulations très strictes. Ce n’est pas que la demande s’est effondrée. Si on regarde Prague ou Amsterdam, les chiffres sont très faibles : on y reviendra. Cette slide est puissante car on peut vraiment parler du marché domestique, de la reprise des voyages internationaux, et aussi remarquer l’impact des nouvelles lois/régulations dans certains pays. C’est formidable.

Évolution des nuitées réservées en 2021 vs 2020 en Europe

Jamie Lane :

Ceci illustre visuellement la croissance de 2021. On observe les chiffres annuels de croissance de la demande. La majeure partie de l’Europe du Sud et de l’Ouest affiche une croissance solide en 2021. Encore quelques faiblesses au centre-est de l’Europe, et même des reculs — voyez la Hongrie, la République tchèque, l’Autriche. Mais pour la plupart des pays, 2021 a été bien meilleure que 2020.

Offre disponible en 2021 vs 2019

Enchaînons sur la question de l’offre : ici, on observe l’évolution des annonces disponibles en Europe, en pourcentage par rapport à 2019. On voit certaines des vagues liées à la pandémie et le degré de confiance des hôtes/investisseurs à revenir sur le marché. Au début de la pandémie, on a perdu 20% des annonces, les propriétaires les retirant.

L’été 2020 était morose. En 2021, on n’a pas retrouvé l’offre d’avant crise. Nous avions une bonne reprise à l’automne puis léger retrait de l’offre en décembre avec Omicron. Ce que je trouve intéressant, c’est qu’en volume total, l’offre 2021 est quasiment identique à celle de l’an dernier. Environ 2,5 millions d’annonces, stable entre décembre 2020 et décembre 2021. Donc à l’avenir, avec le retour de la demande et la reprise du voyage transfrontalier en 2022, verra-t-on davantage d’offres revenir, surtout en zone urbaine ?

Nouvelle régulation – impact sur les principaux marchés européens Annnonces totales Airbnb & Vrbo

Jamie Lane :

En restant sur cette question, parlons des 25 plus grandes villes. J’ai d’abord pensé à une erreur dans nos données, mais nous observons de nouvelles régulations dans certains marchés. À Amsterdam, les exigences d’enregistrement ont entraîné la suppression de 11 000 annonces sur Airbnb et VRBO. On voit la même chose ailleurs sur la planète : à Pékin, plus de 6 000 annonces supprimées, ainsi qu’à Sydney où la régulation a aussi considérablement réduit l’offre.

Thibault Masson :

Tout au long de l’année, vous partagez de supers graphiques que j’adore repartager. Par exemple, Amsterdam et Prague, c’était 75 à 80% d’annonces en moins. Aux USA, c’est si différent ? Je crois avoir lu sur votre site que, par exemple, la Nouvelle-Orléans est encore 30% en-dessous de 2019. Quelle est la situation pour les grandes villes US ? C’est aussi différent ?

Jamie Lane :

Ça varie vraiment selon le type de ville, un peu comme en Europe. Les destinations mondiales, les « gateway cities » américaines quand on arrive en avion, comme New York, Boston, San Francisco, LA : l’offre et la demande y sont en baisse de 40-50%. Moins grave qu’Europe, mais quand même significatif. On a vu des suppressions d’offres comparables à celles des grandes villes européennes. Certaines métropoles tirent bien leur épingle du jeu, celles qui ont levé leurs restrictions COVID assez tôt.

Jamie Lane :

Elles ont supprimé l’obligation de port du masque et la demande est revenue fortement. Phoenix, Atlanta, Dallas, Houston : ce sont de très grandes villes, plus de 6 millions d’habitants, et la demande y est 10-20% plus forte qu’en 2019. Beaucoup de nouvelles offres arrivent aussi. Je vis à Atlanta, en Géorgie, et c’est la 2ᵉ ville pour les nouveaux investissements locatifs aux États-Unis : plus de 2 500 nouvelles annonces ajoutées, soit +30% d’offres cette année. On remarque donc de fortes disparités entre grandes villes américaines.

Thibault Masson :

Merci. Merci.

Europe décembre 2021 - évolution de la demande et de l'offre dans les 25 plus grandes villes vs 2019

Jamie Lane :

Et pour faire le lien : voici les 25 plus grandes villes européennes, avec l’évolution de l’offre et de la demande, comparées à décembre 2019. À gauche, les villes les plus performantes : Cannes affiche une demande positive grâce à la forte croissance des marchés domestiques en France. Paris, en revanche, demeure à -40%. Parmi les marchés en difficulté : Prague, Amsterdam, Vienne, Londres, Berlin, Budapest, comme mentionné plus tôt.

Thibault Masson :

Décembre a aussi été compliqué pour Londres. D’après des gestionnaires, les Britanniques avaient recommencé à réserver pour Noël, shopping, etc., puis ont annulé à cause d’Omicron. Le pic de la vague Omicron était en décembre au Royaume-Uni, alors qu’il ne faisait que commencer sur le continent… cela n’a pas aidé Londres…

Jamie Lane :

Oui. De plus, de nouvelles restrictions de voyage, d’obligations de quarantaine, même pour les voyageurs vaccinés, ont été instaurées, ainsi que le test PCR à l’arrivée. Le Telegraph a publié hier un article avec nos données qui montrait les taux d’annulation au Royaume-Uni. Notamment durant la semaine ou deux précédant Noël et le Nouvel An, forte hausse des annulations, alors que les gens reprogrammaient leurs vacances. Ce taux était bien plus marqué en ville et là où la demande internationale est forte. La plupart des voyages domestiques ont été maintenus ; la demande globale au UK n’a donc pas été catastrophique, mais aurait pu être meilleure.

Thibault Masson :

Oui, merci.

Variation de la demande européenne par rapport à 2019

Jamie Lane :

C’est une tendance que nous avons beaucoup partagée avec vos membres : il y a eu deux Europes en 2021. Celle des villes, et celle des territoires de destination attirant la clientèle domestique. En dehors des 25 plus grandes villes, la demande européenne au T4 est essentiellement positive. Si on regarde certains pays ou régions, l’Allemagne par exemple, en dehors de ses quatre grandes villes, la demande a explosé. Il y a eu massivement de nouveaux investissements, plus d’offres ajoutées qu’en presque toute l’histoire récente.

Jamie Lane :

C’est passionnant à observer, et cela reflète ce qu’on a vu aux États-Unis : les espaces attirant des voyageurs nationaux en quête d’évasion hors des villes affichent des tendances inédites, la saisonnalité est bouleversée, avec un engouement hors juillet-août. Les périodes intermédiaires sont dynamiques, les prix hors saison peuvent grimper. On verra si cette tendance perdure, ou si on revient à une saisonnalité classique.

Thibault Masson :

Mm-hmm (acquiescement).

Demande en France en décembre 2021 vs décembre 2019

Jamie Lane :

Autre exemple clair : la France. Ce graphe montre les principales régions de France en décembre, toutes très performantes. Tout en bas, la Corse : +60% de croissance. La Bretagne, pas forcément fréquentée en décembre, mais cela montre la saisonnalité qui évolue. Avec le télétravail, on peut vivre dans de magnifiques endroits hors saison classique. On constate une forte demande même quand il n’y en avait pas, et des réservations massives dans les Alpes.

Thibault Masson :

Oui, c’est frappant, et dans la presse française aussi, on parle beaucoup de la Bretagne. Les prix immobiliers y flambent, c’est peut-être la région où la hausse est la plus forte, notamment parce que les gens comprennent qu’ils peuvent y vivre ou y avoir une résidence secondaire. Ce n’est pas si loin de Paris, et avec le réchauffement, le climat reste doux : c’est la région gagnante de la pandémie. C’est fascinant. Même chose en Corse. Un autre facteur, c’est qu’en décembre, beaucoup de Français partent d’habitude outre-mer, dans des départements comme la Guadeloupe ou la Martinique — durement frappés par le COVID cette année. Donc les destinations plus chaudes mais proches, comme la Corse, sont aussi des gagnantes.

Jamie Lane :

Oui. Si on descend vers la Côte d’Azur, on avait vu précédemment que Cannes tirait son épingle du jeu, mais Nice restait nettement dans le négatif. Dès qu’on quitte les grandes villes, la demande repart très fort, pour une croissance moyenne de 18%.

Nuits réservées et CA réservé vs 2019 par date de réservation

Jusqu’ici on parlait de la demande et des revenus par séjour. Ici, on se concentre sur les réservations selon la date de réservation : combien de réservations ce mois-ci par rapport à décembre précédent ? Je voulais montrer la vague des réservations au printemps dernier, surtout mai-juin, annonçant la reprise estivale. Les gens voyaient que l’été serait quasiment normal.

Jamie Lane :

Donc on a constaté cette vague de réservations à la sortie des confinements, et à nouveau après la vague Delta, en août-septembre, avec un pic de +30% de nuitées réservées en novembre 2021 par rapport à novembre 2019. Ce qui était remarquable aussi côté chiffre d’affaires. Et la chose positive, malgré Omicron, on a tout de même réservé plus de revenus en décembre 2021 qu’en décembre 2019 — même s’il y a un recul par rapport à novembre. Les premiers résultats de janvier sont aussi très bons. Nous y reviendrons avec l’analyse prospective. Mais le début d’année est nettement plus dynamique que celui de 2020.

Thibault Masson :

Aussi, à ajouter : je me demande, on vient de parler de janvier — on a vu que l’Autriche ne se portait pas très bien. Mais l’Autriche a été frappée deux fois en 2021 : la plupart des stations de ski européennes sont restées fermées en début d’année, sauf la Suisse. L’Autriche dépend énormément du ski, elle a été pénalisée. Et en décembre, nouveau confinement. Ça explique peut-être ses mauvais chiffres. Mais il y a clairement dans les autres pays une vraie soif de ski. C’est sans doute pourquoi on voit d’aussi bons résultats ailleurs en France, en Suisse, probablement pour décembre et janvier aussi. On perçoit donc ce regain d’envie de skier enfin.

Locations courte durée - délais de réservation remontent sérieusement en 2021

Jamie Lane :

Oui. On montrera où on en est pour Q1. On n’a pas retrouvé un délai de réservation aussi long que je l’espérais, mais ça s’améliore. On vivra peut-être un moment avec cette réduction de l’anticipation des vacances, vu l’incertitude des variants. Les gens hésitent à réserver longtemps à l’avance, sauf pour juillet-août. En 2019, Q1, le délai moyen était de 40 à 50 jours ; en 2021, on tombait à 2-3-4 semaines. Donc, 20 à 30 jours, mais c’est remonté, aujourd’hui les gens réservent 40 ou 50 jours à l’avance. Au T4, c’est encore inférieur de 25%.

Jamie Lane :

Mais je pense que ça continuera de progresser en 2022, même si on ne retrouvera pas tout de suite les niveaux de planification de 2019/2018, avec des réservations 2 à 3 mois avant. Il y a deux mois, on ne parlait pas d’Omicron, et aujourd’hui tout le monde s’en préoccupe… et annule. Il y a donc logiquement une hésitation à s’engager trop tôt.

European short term rental Demand On the Books Starting much Higher than 2021

Où en sommes-nous pour Q1 ? Ce graphique montre les réservations déjà enregistrées. La ligne bleue correspond aux six premiers mois de 2022. La ligne grise, au début de 2019, et la verte, pour 2021 (mêmes périodes).

Jamie Lane :

Donc, si on se replace il y a un an, le nombre de réservations pour 2022 est bien supérieur : +80% de demande enregistrée en Europe, +74% au niveau mondial, presque comme au début 2019. Cela s’explique, comme tu le disais, par la vigueur des stations de ski, des destinations hors grandes villes… On observe en Bretagne une forte demande pour une période habituellement creuse. C’est très positif.

Demande estivale en forte hausse au Danemark, Allemagne, Autriche

Jamie Lane :

Autre question cruciale : à quoi ressemblera l’été, qui concentre plus d’un semestre de demande ? De juin à septembre, la demande 2022, par rapport à 2019 : dans sept pays, elle est supérieure à 2019. Danemark, Allemagne, Autriche, UK, Grèce, Suisse… Les gens programment déjà leurs vacances d’été. Au global, l’Europe reste à -10%, mais c’est bien mieux que l’an passé à -20%. On se dirige vers une bonne dynamique, meilleure qu’en 2021.

Thibault Masson :

Jamie, on a vu que France et Russie ont bien performé sur 2021, mais elles accusent du retard sur les réservations pour l’été. C’est exact ?

Jamie Lane :

Oui. En Russie, les délais de réservation sont très courts : les gens réservent deux ou trois semaines avant. Ce sont surtout des petits chiffres en valeur absolue. Si on regarde combien de réservations il y avait déjà pour juin, c’est très peu par rapport à ce que juin comptera réellement, soit 20 millions de réservations. France, beaucoup de réservations doivent encore être faites. C’est intéressant de noter que deux marchés aux profils similaires, Allemagne–France, divergent sur le plan de l’avance des réservations.

Thibault Masson :

Petite question : je discutais avec Graham Donoghue de Sykes Cottages UK. Selon lui, le UK est un marché contraint sur l’offre. Beaucoup de gens n’ont pas pu réserver à temps ou ont dû payer des prix fous. Peut-être que ceux qui anticipent le font pour ne pas revivre ça… L’Allemagne fonctionne-t-elle pareil ? Est-ce culturel ou structurel selon toi ?

Jamie Lane :

C’est sûrement un facteur qui explique la lente reprise de la demande de pointe dans certains marchés : avec beaucoup moins d’offres, la croissance est limitée. La demande peut croître en basse saison, car l’occupation était faible donc les annonces étaient libres. Mais en haute saison, si l’offre a diminué de 10, 20 ou 30%, il y a un plafond à la reprise. Le taux d’occupation total est peut-être alors un meilleur indicateur de la reprise dans ces régions.

Thibault Masson :

Très bonne remarque.

Jamie Lane :

Voilà, c’est tout ce que j’avais pour vous.

Thibault Masson :

Fantastique. On constate que les choses reprennent enfin en T4 en Europe, puis Omicron arrive. D’après les actualités, on se dit « Ça atteint son pic, on peut recommencer à réserver ». Espérons que les tendances observées en Europe dès juin dernier, quand ce n’était plus mou, arriveront plus tôt cette année et qu’on aura une excellente saison. Pardon pour ma boule de cristal, mais penses-tu que 2022 sera, pour l’Europe, comme 2021 l’a été pour les USA ? Leur meilleure année ?

Jamie Lane :

Je pense que 2022 ressemblera à 2021 aux États-Unis. On va démarrer un peu faiblement. Aux États-Unis, la demande était 10-20% en-dessous, puis, dès mars-avril, une énorme vague de réservations pour l’été, jusqu’à se stabiliser à un haut niveau toute l’année.

L’un des éléments qui pourrait porter l’été européen, c’est le retour des visiteurs américains. Leurs touristes étaient la première clientèle étrangère dans tous les grands pays européens avant la COVID. Leur retour sera un gros plus. La souplesse offerte par le travail à distance joue aussi un rôle : on peut partir trois ou quatre semaines, travailler en se déplaçant. Cela devrait conforter la solidité du marché européen de la location courte durée sur le long terme.

Thibault Masson :

C’est encourageant. On vous verra peut-être, toi et ta famille, ici cet été ? Qui sait ?

Jamie Lane :

Absolument, oui.

Thibault Masson :

Jamie, tu es VP Research chez AirDNA. Merci beaucoup. Si quelqu’un veut en savoir plus sur AirDNA, il doit faire quoi ?

Jamie Lane :

Visitez notre site web airdna.co. Si ce que vous venez d’entendre vous intéresse, nous avons un blog. Cliquez sur blog, vous découvrirez toutes nos recherches. Nous publions des mises à jour mensuelles et des analyses régulières sur les tendances du secteur. Suivez-moi sur LinkedIn ou Twitter.

Thibault Masson :

Parfait. Je recommande vraiment à tout le monde de le faire. Encore merci Jamie pour ton temps aujourd’hui, prends soin de toi.

Jamie Lane :

Merci.