Les données et graphiques de la location de vacances montrent que le coronavirus a le plus fort impact sur les réservations en Europe (vs US), dans les zones urbaines, pour les 30 prochains jours. Les destinations accessibles en voiture devraient mieux s’en sortir.

Pourquoi les gestionnaires de biens dans les stations balnéaires traditionnelles aux États-Unis semblent-ils moins inquiets de l’impact du coronavirus COVID-19 ? Pourquoi les gestionnaires de biens européens des marchés urbains sont-ils dévastés lorsqu’ils évoquent cette même pandémie ? D’où viennent les données montrant que les nouvelles réservations de locations sont, en moyenne, en baisse de 50 % en Europe comme aux États-Unis ? Comment vos propriétés se comportent-elles, comparées à votre marché local et aux tendances mondiales ?

Pour comprendre cela, durant la première semaine de mars, nous avons collecté et comparé les données et graphiques disponibles gratuitement. Nous avons également écouté plusieurs webinaires. Tous utilisaient des données, mais certains étaient alarmistes (l’excellent webinaire STR très documenté sur les tendances européennes), tandis que d’autres sont restés prudemment optimistes (le webinaire VrmIntel / KeyData axé sur les États-Unis). Restons humbles : nous regardons ici des données de fin février et début mars, et le nombre de cas a fortement augmenté dans certains pays depuis (par exemple en France et en Allemagne).

Visitez notre page principale sur le coronavirus pour plus de mises à jour concernant les politiques d’Airbnb et Booking, les restrictions de voyage et les événements annulés. Vous souhaiterez peut-être également en savoir plus sur le programme « Réservations plus flexibles » d’Airbnb, destiné à résoudre les problèmes de remboursement et à générer de nouvelles réservations.

Notre résumé des tendances de données (États-Unis et Europe)

  • L’Europe a été touchée plus tôt et plus durement que les États-Unis. Les cas augmentent rapidement actuellement en Europe, tandis que la situation aux États-Unis est un peu moins claire (moins de personnes testées, mais de grands événements déjà annulés comme South by Southwest SXSW et des restrictions de voyage pour les employés de grandes entreprises)
  • Les réservations pour les 30 prochains jours sont les plus touchées : Les gens craignent davantage pour le futur proche que pour l’été. Les voyageurs espèrent peut-être que la situation s’améliorera d’ici l’été, grâce à une météo plus clémente et au passage du temps (comme cela a été le cas avec le SARS en 2003).
  • Les marchés urbains pourraient souffrir davantage que les zones de location de vacances traditionnelles : Les locations de vacances ont tendance à être réservées longtemps à l’avance, donc les gestionnaires ont déjà enregistré des réservations pour l’été. De plus, les locations de vacances loin des villes peuvent sembler plus sûres que les appartements citadins pour les voyageurs. D’où un fort taux d’annulations et de non-présentations, ainsi qu’une chute des réservations, impactant davantage les marchés urbains que les zones de villégiature ou de montagne.
  • Les destinations accessibles en voiture pourraient mieux s’en sortir que celles nécessitant un vol : Voyager en voiture vers une zone relativement proche semble être la tendance, renforçant le phénomène du « fly-shaming ». Cela veut dire une hausse des voyages domestiques (internes) en Europe et des réservations dans les villes situées à 3 à 5 heures de route des grandes villes américaines. Les marchés dépendant des voyageurs internationaux pourraient rencontrer davantage de difficultés.
  • Lors de la crise du SARS en 2003, seulement 3 mois ont suffi, après l’assouplissement des restrictions de voyage, pour que le taux d’occupation des hôtels en Chine revienne à la normale. Il est bon de s’en souvenir pour garder son calme, mais la comparaison avec les marchés de la location courte durée et saisonnière en 2020 a ses limites.

Marchés US de location de vacances préservés VS marchés urbains européens dévastés ?

Selon Key Data, les marchés traditionnels de location de vacances aux États-Unis tenaient encore le 5 mars. Regardez le tableau ci-dessous : on constate une légère baisse d’occupation pour le mois de mars à venir (-8% en Oregon, -9% sur la côte du Golfe), mais l’occupation pour l’été est toujours en hausse de 5 à 13% par rapport à l’an dernier. On observe donc une baisse des réservations de dernière minute et une augmentation des annulations pour les prochaines semaines, tandis que le Spring Break et l’été sont toujours d’actualité.

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Ainsi, les 30 prochains jours semblent être les plus durement touchés, avec davantage d’annulations, moins de réservations et plus de non-présentations.

us vacation rental occupancy data coronavirus
Source : KeyData

Dans le graphique ci-dessous, publié par STR, vous pouvez constater des données négatives sur l’occupation hôtelière (et non de location vacances) dans les grands marchés urbains européens. Si vous êtes gestionnaire de locations courte durée ou d’appartements avec services dans l’une de ces villes, vous avez probablement constaté les mêmes tendances. Par exemple, l’occupation à Milan a chuté de 78 % lors de la semaine du 24 février, comparé à l’an dernier. D’autres marchés sont aussi progressivement passés dans le rouge. Et cela ne tient pas compte de la flambée de la pandémie en France et en Allemagne intervenue après fin février.

vacation rental and hotel occupancy data (coronavirus stats)
Source : STR

Cependant, le décalage temporel entre la situation en Europe et aux États-Unis ne doit pas masquer le fait qu’au global, le nombre de nouvelles réservations est en baisse de 54% en Europe en 2020 par rapport à 2019, alors qu’il est déjà à -50% aux États-Unis : Il semble que la chute aux États-Unis soit survenue plus tard, mais qu’elle soit également plus brutale, d’après le graphique KeyData ci-dessous.

vacation rental market data: Europe vs US
Source : KeyData

L’Europe a été frappée plus tôt ; Les États-Unis vont-ils suivre la même tendance avec 4 semaines de décalage ?

Commençons par quelques données sur le coronavirus COVID-19 lui-même. La vague de cas a commencé à monter autour du 20 février en Europe. Et la tendance est toujours à la hausse.

L’Italie a été la plus touchée, mais la France et l’Allemagne voient aussi une forte augmentation des cas. L’Italie et la France sont des marchés évidents de locations vacances, car de nombreux étrangers y voyagent. Cependant, l’Allemagne est aussi un gros marché, avec de nombreux voyageurs domestiques séjournant traditionnellement dans des locations allemandes.

Adoptez une approche marché par marché ; Les destinations accessibles par la route pourraient mieux s’en sortir

Tous les pays n’ont pas été touchés en même temps. Si vous lisiez la presse en Europe lors de la première semaine de mars, la presse italienne évoquait une situation terrible, la presse française s’inquiétait, et la presse britannique voyait cela comme un sujet international.

Même au sein d’un même pays, les marchés ont réagi différemment. Ainsi, les données hôtelières de STR montrent que le RevPar (Revenu par chambre disponible) a chuté de 81% à Milan (Italie du Nord) tandis qu’il ne chutait « que » de 18% à Palerme (Italie du Sud). Logiquement, la carte correspond à celle des déclarations officielles du coronavirus dans le pays.

hotel market data in italy
Source : STR

Aux États-Unis, la plupart des marchés traditionnels de locations de vacances se trouvent à quelques heures de route des grandes villes. Ils reçoivent moins de visiteurs internationaux que les marchés urbains et dépendent moins des vols et des aéroports (Orlando fait figure d’exception majeure). Ces destinations pourraient donc séduire davantage pour les vacances de Pâques et d’été, pour ceux voulant éviter l’avion à tout prix.

En Europe, où les pays sont plus petits qu’aux États-Unis, une préférence pour les destinations accessibles par la route équivaut souvent à une préférence pour les destinations domestiques. Cela pourrait expliquer certaines données partagées par Sykes Holiday Cottages le vendredi 6 mars. Sykes est le plus grand gestionnaire de biens pour locations vacances au Royaume-Uni. 85% de ses clients viennent de Grande-Bretagne, l’entreprise reflète donc bien les tendances d’un acteur domestique actif sur les zones de vacances traditionnelles et de gîtes.

uk holiday rental market data coronavirus

Comme on peut le voir ci-dessus, la croissance annuelle des réservations chez Sykes était de +19 % du 4 janvier au 5 février. Elle est tombée à 2,5 % du 6 février au 4 mars. C’est donc plus faible, mais ce n’est pas la chute de -70 % constatée à Milan. Février a aussi été très mauvais pour les réservations au Royaume-Uni, avec trois tempêtes consécutives qui ont frappé le pays. Enfin, le Royaume-Uni ne commence qu’à voir augmenter les cas de coronavirus, il se peut donc qu’un décalage existe aussi pour les mauvaises nouvelles. À ce sujet, l’enquête ci-dessous réalisée par Sykes met bien en évidence l’impact du virus sur les intentions de réservation.

vacation rental guests survey coronavirus

La crise du SARS a duré 6 mois avant que les taux d’occupation retrouvent leur niveau normal

STR a également partagé des données intéressantes sur la crise du SARS de 2003 en Chine : Elle a duré 6 mois. Après un effondrement du taux d’occupation des hôtels, il a fallu 3 mois après la levée progressive des restrictions pour que les tendances redeviennent normales.

hotel occupancy data sars 2003

Conclusion : Préparez-vous à affronter la tempête et trouvez l’équilibre entre les intérêts des voyageurs et des propriétaires (si possible)

La situation est très difficile pour de nombreux gestionnaires de biens, surtout en Chine, en Corée du Sud et dans le nord de l’Italie. Comme le coronavirus COVID-19 continue de se propager et que les craintes ne sont pas retombées, les gestionnaires de biens à travers le monde constatent eux-mêmes l’impact sur leurs données : moins de réservations, plus d’annulations et de non-présentations.

Comme nous l’avons vu, il est nécessaire d’adopter une approche adaptée à votre région (Europe ou États-Unis) et à votre marché (urbain ou station). Dans certaines villes, se tourner vers des séjours prolongés ou des locataires longue durée peut être une option. Mais, comme le voyage d’affaires est lui aussi affecté par les restrictions, la transition n’est pas aisée.

Les gestionnaires de biens doivent entendre l’exigence de flexibilité des voyageurs angoissés par le COVID-19, tout en devant souvent ménager les intérêts et le revenu des propriétaires qui leur confient leur bien. Dans les régions épargnées par le coronavirus, les gestionnaires peuvent chercher à maintenir une position plus ferme sur les annulations en direct. Cependant, avec Airbnb qui déclare des circonstances exceptionnelles et Booking.com qui déclare la force majeure, cette position est difficile à tenir systématiquement.

Pour le moment, les données montrent que ce sont les réservations pour les semaines à venir qui sont les plus touchées. Les chiffres pour le Spring Break et l’été aux États-Unis tiennent encore. Les gestionnaires capables d’expliquer les atouts des locations de vacances traditionnelles – plus d’espace, situées en dehors des villes – pourront mieux s’en sortir.

Pour en savoir plus sur ce que font Airbnb et Booking.com concernant les annulations, les restrictions de voyage, la nouvelle tarification de vos biens urbains ou de vacances, ou l’impact sur les conférences de location saisonnière, consultez notre page coronavirus & locations actualisée.

Vidéo : Le webinaire VRMintel & KeyData sur l’impact du coronavirus