Prendre le pouls de la location saisonnière européenne : des records en 2024 et un début inégal en 2025

1. 2024 : une année record

L’Europe a accueilli 854 millions de nuitées via Airbnb, Booking, Expedia et Tripadvisor — soit une hausse de 19% par rapport à 2023. Cela représente 2,34 millions de voyageurs en location saisonnière chaque nuit. Paris est en tête des villes, tandis que l’Andalousie dépasse la Croatie comme première région européenne.

Carte de l'Europe affichant les nuitées en hébergements de courte durée réservés via des plateformes en ligne pour le T4 2024. Les cercles bleus plus grands et plus foncés indiquent un volume plus élevé de nuitées. L’Andalousie (Espagne) se distingue comme la première destination.
La carte Eurostat des nuitées T4 2024 réservées en ligne montre l’Andalousie comme la première région visitée de l’UE, suivie par une forte demande dans certaines parties de la France, de l’Italie et des îles.

2. La puissance des données régionales

Cinq régions seulement ont compté pour près d’1 nuitée sur 5 à l’échelle européenne. De la Catalogne à Provence-Alpes-Côte d’Azur, comprendre les batailles régionales est désormais essentiel pour une stratégie d’expansion et de tarification intelligente.

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3. 2025 commence plus doucement — mais reste solide

Les réservations du T1 2025 ont baissé dans certaines zones des Pays-Bas (-8,1%), Croatie (-5,8%) et Danemark (-3,8%) — mais pas de panique. Une bonne partie de ce recul s’explique par le report de Pâques au T2, faussant les comparaisons annuelles. Certains pays — comme Malte (+33,5%) et la Pologne (+11,2%) — gagnent encore du terrain.

4. Réglementation et sensibilité au prix sont bien réels

Amsterdam, Berlin et certaines parties de la France durcissent les règles relatives à la location de courte durée. Parallèlement, les voyageurs sont plus sensibles aux prix, réservent plus tard et dépensent moins. La flexibilité sera votre alliée en 2025.

5. L’été reste roi, mais la saisonnalité varie beaucoup

En 2024, 33,6% de toutes les nuitées ont été enregistrées en juillet et août, mais dans les destinations très saisonnières comme la Croatie, cette part est montée à 58%. À l’inverse, des pays comme l’Allemagne ou le Luxembourg affichent une demande plus constante toute l’année. Comprendre la saisonnalité de votre marché est crucial pour ajuster prix, effectifs et stratégie de remplissage.

L’année 2024 marque une étape historique pour la location saisonnière en Europe, avec 854 millions de nuitées réservées via les grandes plateformes — un record absolu et une hausse de 19% par rapport à 2023. Les plateformes concernées — Airbnb, Booking, Expedia et Tripadvisor — ont partagé des données harmonisées avec Eurostat dans le cadre d’un accord majeur avec la Commission européenne. Ce partenariat a permis de cartographier avec précision la croissance et les particularités géographiques du secteur, au niveau national comme régional. Pour les gestionnaires de biens, il ne s’agit pas d’un simple jeu de chiffres — c’est une fenêtre précieuse sur l’évolution du marché, les variations de la demande et l’intensification de la concurrence.

Mais les premiers signaux d’un ralentissement apparaissent en 2025. Les premiers mois montrent un rythme moins soutenu, conséquence notamment d’un changement de saisonnalité : en 2024, Pâques — l’un des week-ends de voyage les plus importants en Europe — tombait au T1, alors qu’en 2025, elle aura lieu au T2. Ce simple décalage de calendrier explique une partie du ralentissement. Mais ce n’est pas tout. Le durcissement de la réglementation dans des villes comme Amsterdam, le recul de la demande sur fond d’inflation, soulèvent d’importantes questions sur la suite.

2024 : une année de sommets, de records et de classements pour la location saisonnière européenne

À travers l’UE et l’AELE, 854 millions de nuitées ont été réservées en 2024 via Airbnb, Booking, Expedia et Tripadvisor. Cela équivaut à une moyenne de 2,34 millions de touristes logés chaque nuit en location saisonnière. Paris conserve sa couronne de destination la plus populaire, avec 23,5 millions de nuitées — soit environ 65 000 hôtes par nuit. Rome, Barcelone, Madrid et Lisbonne complètent le top 5.

Mais ce qui définit véritablement ce marché, c’est sa dimension régionale. Les chiffres nationaux racontent une histoire, mais les régions de niveau NUTS 2 révèlent le vrai pouls du marché :

Top 5 des régions 2024 (Nuitées) :

  1. Andalousie, Espagne – 44 millions (désormais n°1 en Europe)
  2. Jadranska Hrvatska (Croatie Adriatique) – 35 millions (passe à la 2e place)
  3. Provence-Alpes-Côte d’Azur, France – 31 millions
  4. Catalunya, Espagne – 29 millions
  5. Île-de-France (région parisienne) – 28 millions

À elles seules, ces cinq régions ont représenté plus de 19% de toutes les nuitées européennes. L’ascension de l’Andalousie au détriment de la Croatie fait la une : tourisme domestique en hausse, activité sur toute l’année, et incitations locales ont aidé la région à s’imposer.

Pendant ce temps, 20 régions en Europe ont dépassé 10 millions de nuitées chacune — représentant ensemble près de 47% de toutes les réservations sur plateforme. Cet effet de concentration doit particulièrement attirer l’œil des gestionnaires de biens : la bataille pour les parts de marché devient de plus en plus régionale.


National ou international : qui voyage ?

Les voyageurs internationaux restent les principaux acteurs, avec 62% de toutes les nuitées. Mais cette part n’atteint pas encore les 67% d’avant la pandémie (2019). Dans sept pays — dont Malte, l’Islande et le Liechtenstein — la clientèle internationale représente plus de 90% des séjours.

À l’autre extrémité, de grands pays comme l’Allemagne et la France restent marqués par une forte part de voyages domestiques, portée par le tourisme intérieur et les courts séjours du week-end.

Top 5 des pays 2024 (Nuitées) :

  1. France – 192 millions
  2. Espagne – 171 millions
  3. Italie – 127 millions
  4. Allemagne – 60 millions
  5. Grèce – 45 millions

Ces cinq pays totalisent 70% de toutes les nuitées européennes.

Carte de l'Europe montrant la répartition régionale des nuitées passées dans des hébergements de courte durée réservés via des plateformes en ligne au T4 2024. Les cercles bleus indiquent le volume, les plus grands étant dans les régions françaises, espagnoles et italiennes. Inclut les territoires d’outre-mer et îles.
Carte Eurostat montrant, au T4 2024, les nuitées dans les locations saisonnières de l’UE avec une demande forte en France, Espagne, Italie et sur les grandes îles.

Zoom sur la durée de séjour

La durée moyenne était de 11 nuits dans l’UE, avec Malte (20), Chypre (18) et la Croatie (14) en tête. Les séjours les plus courts s’observent dans les pays baltes, la Lituanie et l’Estonie affichant une moyenne de seulement 6 nuitées par séjour — reflet de réservations plus courtes ou de groupes plus petits.

Ces chiffres ne correspondent pas strictement à la durée moyenne d’un séjour (nombre de nuits par réservation), mais ils aident à estimer le volume de clients et le taux d’occupation selon les marchés.


Le pic estival et la saisonnalité

L’été domine toujours largement. En 2024, 33,6% de toutes les nuitées ont eu lieu en juillet et août. Dans des marchés très saisonniers comme la Croatie, ce chiffre atteint 58%, suivie par la Slovénie (45%), la Suède (44%) et la Grèce (44%). À l’inverse, le Luxembourg et l’Allemagne présentent une distribution plus équilibrée, l’été ne représentant qu’un quart environ du total des nuitées.


Et les grandes villes ?

Paris reste la première destination urbaine en Europe, devant :

  • Rome – 15,7 millions de nuitées
  • Barcelone – 12,5 millions
  • Madrid – 11,8 millions
  • Lisbonne – 11,3 millions

Ces cinq villes rassemblent près de 9% de toutes les nuitées sur plateforme en Europe, malgré leur taille géographique réduite.


2025 : un départ ralenti, mais les fondamentaux restent solides

Au T1 2025, plusieurs signaux d’alerte émergent. Le volume des réservations recule sur plusieurs grands marchés — mais le décalage de Pâques du T1 2024 au T2 2025 perturbe fortement la comparaison. En France, Espagne, Allemagne et Italie, la semaine de Pâques constitue un moteur essentiel de la demande printanière. Son absence du T1 cette année explique une part significative du repli.

Mais pas tout.

  • Aux Pays-Bas, un durcissement réglementaire a fait disparaître des annonces des plateformes. Le pays affiche une baisse de 8,1% du nombre de nuitées au T1 (d’une année sur l’autre).
  • Le Danemark enregistre une baisse de 3,8% et la Croatie de 5,8% — signe d’une faiblesse plus générale sur la région.
  • Dans les marchés urbains, plafonds de licences et restrictions anti-bruit se renforcent, notamment dans des métropoles denses comme Amsterdam, Berlin et le sud de la France.
  • De manière générale, la sensibilité au prix augmente, surtout pour les voyages internationaux. Les fenêtres de réservation se raccourcissent et le panier moyen diminue dans les marchés les plus sensibles au prix.

Cela dit, il n’y a pas que du pessimisme. Le T1 2025 a tout de même totalisé 129,6 millions de nuitées, soit +4,8% par rapport au T1 2024, malgré l’absence de boost lié à Pâques. Certains pays comme Malte (+33,5%), Finlande (+23,6%), Bulgarie (+22,3%) et Pologne (+11,2%) tirent leur épingle du jeu avec des croissances à deux chiffres — preuve d’une vigueur dans les destinations hors des sentiers battus ou à forte clientèle domestique.

Graphique linéaire montrant, de 2020 à 2025, les nuitées mensuelles en hébergements de courte durée réservées via plateforme dans l’UE, avec un pic en été et une croissance régulière jusqu’en 2024. L’année 2025 affiche des chiffres légèrement en baisse.
Graphique Eurostat : nuitées mensuelles dans les locations saisonnières européennes (2020–2025). Pics estivaux ; 2025 légèrement en retrait par rapport aux records 2023–2024.

À retenir pour les gestionnaires de biens

Ce jeu de données Eurostat est une mine d’or pour la profession de la location saisonnière. Il offre :

  • Un repère fiable, basé sur les plateformes, de la demande en nuitées par région et par ville.
  • Des indicateurs clairs sur le déplacement des zones d’activité — de la Croatie à l’Andalousie, des pics d’été aux villes actives toute l’année.
  • Un moyen de comparer votre positionnement sur les marchés européens et de mesurer la résilience de votre destination.

Comprendre la position de votre région — et l’inscrire dans les tendances européennes — nourrit vos décisions de tarification, marketing et opérationnelles.

En avançant sur 2025, la normalisation pourrait se poursuivre. Mais comme l’a prouvé 2024, le secteur de la location saisonnière demeure remarquablement résilient — et les données montrent que la clé du succès réside dans la compréhension de la dynamique régionale, au-delà des grands titres.